Stigmata Doloris 2008
Je vous avais promis un peu de sexe, un peu de cuir et d'autres bonnes choses après une période de latence-silence dûe à un surcoit de travail.
Durant ces quelques jours passés début mai sur Paris, hormis le fait d'avoir fait ingurgiter à la "fée" tout ce qui pouvait se consommer comme émissions politiques, nous avons quand même pu participer à une déclinaison des MuncH parisiens et aussi, last but not least, visiter l'exposition dédiée à Helmut Newton.
Helmut Newton, je l'ai connu par des photos carrément fétichistes publiées en août 1983 dans une revue achetée sous le manteau lors d'un séjour quelque part dans les Alpes.
Photos fétichistes et relativement glacées mais de quoi émouvoir le jeune homme que j'étais, juste avant de plonger quelques mois plus tard dans cet univers qui me fascinait tant.
" Sculpturales et dominatrices, les femmes d'Helmut Newton, habillées ou nues mais toujours chaussées d'escarpins, investissent de leur puissance érotique le Grand Palais pour la première rétrospective parisienne consacrée au photographe depuis sa disparition il y a huit ans.
L'exposition, qui se tient jusqu'au 17 juin, réunit près de deux cents tirages sélectionnés par Jude Newton, son épouse pendant près de soixante ans, devenue elle même photographe sous le pseudonyme d'Alice Springs.
"C'est Newton par Newton", relève Jérôme Neutres, conseiller du président de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et co-commissaire de l'exposition.
Jude Newton, qui anime la Fondation Helmut Newton à Berlin, a commencé par être l'une de ces femmes qui peuplent l'oeuvre de l'artiste: c'est en posant comme modèle pour lui en 1947 que l'actrice australienne fait sa connaissance. Elle l'épouse un an plus tard.
A l'époque le photographe vient d'acquérir la nationalité australienne après avoir servi dans l'armée de ce pays pendant la Seconde guerre mondiale.
Juif berlinois, né en 1920 dans une famille aisée, Helmut Neustädter a été contraint de fuir l'Allemagne nazie en 1938. Il gagne d'abord Singapour avant de rejoindre l'Australie. Il change son nom en Newton.
Mais il n'oubliera jamais le Berlin de son enfance, celui du début des années 1930 "où il arrivait que l'on rencontre des femmes nues sous leur manteau de fourrure", selon M. Neutres.
Alors qu'Helmut n'a que sept ans, son demi-frère, qui en a dix de plus, lui fait rencontrer Erna la Rouge, une prostituée aux cuissardes rouges et à la cravache: un souvenir relaté par le photographe qui y a vu un des éléments fondateurs de la construction de son imaginaire.
"Porno chic"
Adolescent, Helmut rêvait de devenir caméraman de cinéma ou à défaut photographe. En 1936 il est placé comme apprenti chez une photographe reconnue, Yva. Il s'initie au portrait, au nu et à la photographie de mode avant de fuir Berlin à 18 ans.
Dans les années 1960, Newton révolutionne la photographie de mode alors qu'il travaille pour les magazines Elle et Vogue à Paris notamment. Son style bien à lui se révèle, fait de fantaisie, de provocation et d'humour. Des mises en scène impeccables, des photos sans retouche.
"Une bonne photographie de mode doit ressembler à tout sauf à une photographie de mode. A un portrait, à une photo souvenir, à un cliché de paparazzi", disait Newton.
"Chaque photo raconte une histoire", a souligné Jude Newton, lors de la présentation de l'exposition. Les références cinématographiques et artistiques abondent. Une jeune femme en bottes blanches se fait pourchasser par un avion (1967), clin d'oeil à "La Mort aux trousses" d'Alfred Hitchcock.
Les "Grands Nus" des années 1980 sont particulièrement saisissants. Ils lui ont été inspirés par des photos d'identité judiciaire de terroristes réalisées par la police allemande. Les femmes nues dans des poses guerrières toisent le spectateur.
"Elles arrivent" (1981), qui présente un grand quadrille de femmes conquérantes, en version habillée, puis déshabillée, frappe également les esprits.
Newton développe ce qu'on a appelé le "porno chic" mettant en scène de grandes bourgeoises dénudées au bord d'une piscine ou dans des hôtels de luxe. Il disait avoir "toujours" dans le coffre de sa voiture des chaînes et des menottes pour ses séances de photos "sado-maso". Prothèses et plâtres s'invitent dans ces mises en scène pour semer le trouble.
"Je suis très attiré par le mauvais goût, plus excitant que le prétendu bon goût qui n'est que la normalisation du regard", expliquait-il."
http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/les-femmes-conquerantes-d-helmut-newton-au-grand-palais_1097412.html
Bref, "clochette" ayant réussi à trouver les fameux "sésames" destinés à nous éviter les files d'attente, nous nous sommes rendu au Grand-Palais...
De prime abord, point de foule aux abords de l'exposition, peine quelques touristes japonais perdus, loin donc du succès de foule annoncé !
Déception car après avori franchi les divers cordons de sécurité bon-enfant, nous nous sommes vite retrouvés dans trois grandes salles dont les murs étaient surtout recouvert de photographies tirées des revues de mode dont Helmut Newton était en son temps le principal photographe.
Hormi quelques dizaines de photographies un tant soi peu érotique, rien d'un univers sulfureux annoncé.
De là à dire qu'hormis le côté artistique indéniable de l'exposition, cela semblait plus un "piège à touristes", la boutique des produits dérivés étant déjà elle-même une véritable attraction pour qui savait sortir sa carte bleue.
Bref, si les beautés glacées découvertes durant un mois d'août m'avait un peu embrasé, cette fois-ci, c'est légèrement refroidi que j'ai survolé cette exposition que j'ai trouvé sans âme, sans fantasmes, sans folies et un tantinet trop "économiquement correcte".