Stigmata Doloris 2008
34 -Larme blanche.
Larme blanche...
Il m'est arrivé bien souvent de méditer sur les vertus d'une lame, acérée et pointue.
Ma griffe de Loup avait bien ce rôle de griffer et marquer mes partenaires dans un trouble érotique.
Mais cette griffe émoussée ne se limitait donc qu'a reconstituer sur la peau offerte un exercice de calligraphie, un dessin éphémère apparaissant en "fin de partie".
J'avais eu en son temps de fort troublantes discussions avec une "correspondante", ses envies limites de jeux où la lame fusionne avec la chair, marques voulues où devaient perler des gouttes
sanglantes d'humiliation.
Ces conversations m'avaient troublé.
Si de prime abord un "refus" sensé et raisonné de cette pratique avait germé dans mon esprit, l'idée avait progressé.
Certes, dans mes réflexions du quotidien, une question se posait avec force, comment pouvoir pratiquer et vivre le "sm" en aseptisant cet univers ?
Chercher la sécurité à tout prix avec mille astuces, imaginer les dangers possibles et au final se refuser à certains jeux sous le principe du risque zéro me semblait de plus en plus en
opposition avec cette recherche de sensations et d'expérimentations.
En discutant avec la fée, c'était comme posséder une "Porsche" et faire du 70km/h sur l'autoroute sous prétexte de ne vouloir mettre personne en danger...
Cela expliquait aussi parfois de brutales accélérations dans mes jeux, dans mes attitudes, accélérations dont "clochette" pouvait faire les frais...
Des moments où mon sadisme se révélait sourd à mes propres règles et lois de Lycan.
Le trouble régnait donc quand ce soir là, une envie de sommeil me prit... envie vite transformée par quelques menottes de poignets et chevilles, le tout dûment assemblé et laissant la demoiselle
à ma merci.
Caresses, frissons, doigt qui furète et puis mon tiroir qui s'ouvre et ma griffe de Loup, seconde du nom... qui sort et vient se réjouir de marquer la peau albâtre de la fée.
D'office je vois en elle des soupçons de plaisir, des frissons d'angoisse, de douces sensations de morsures auprès de ses seins, de ses hanches et de son sexe.
Elle aime cela, elle en raffole, son sexe s'humidifie, le Loup de métal s'y abreuve.
Une idée soudaine me refait plonger dans un autre tiroir, tiroir à souvenirs, à bric-à-brac...
Un couteau à cran d'arrêt, souvenir d'une époque où j'étais moi-même un autre "Maitre au couteau", un couteau rangé bien à l'abri.
Le clic de la lame qui s'ouvre, le "vendetta" gravé à l'eau forte qui revient à la vie.
Je perçois un regard angoissé de la fée mais aussi un sentiment rare d'excitation chez elle.
Je sais qu'il y a un trouble en elle, son attirance pour certains personnages, pour des faits criminels bien loin de l'univers aseptisé des vampires et autres "Twilight"...
Je sais aussi qu'entre le trouble, le désir et la réalité, il y a parfois des reculs, des craintes communes.
Le clic a été suivi d'un ballet de la lame dans les airs et puis d'une longue ballade de celle-ci le long de ses courbes, d'arrêts sur la pointe de ses seins qui se dressent à nouveau, quémandant
d'autres caresses de métal.
Ses hanches, son dos, l'intérieur de ses cuisses, tout n'est que frissons en elle.
Les yeux mi-clos, elle savoure cet instant.
La lame s'égare près de sa gorge, insiste près de la jugulaire, repart à l'assaut des globes oculaires...
La lame s'approche de son sexe, n'y pénètre pas, je crois entendre un "non", ce ne sera qu'une impression mais ce "non" même de ma part est signe qu'il faut pouvoir s'arrêter à temps.
La lame ne blesse pas, ne coupe pas, ne pique pas, pas de larmes de sang sur sa peau mais des larmes de plaisir, pas de cris de souffrance et d'agonie mais des râles d'une quasi jouissance qui
s'éternise dans la douceur de la nuit.