Stigmata Doloris 2008
31- Voyeuse.
Voyeuse...
Et si ?
Et si sous un aspect bien banal, demoiselle « clochette » couvait en son sein des tendances et désirs inavouables ...
Et si ?
Et si derrière ce regard mutin, se cache une créature attirée par les lieux et autres images hors du commun...
Je ne soupçonnais aucunes de ces envies hormis quelques commentaires émis lors de la « fetish night », il y a de cela bien des mois.
Un regard porté sur des couples qui s'enlaçaient, sur des soumises exposées, sur des amateurs de « shibari » qui jouaient avec les cordes et les suspensions.
Tout était revenu au grand jour lors d'une ballade sur des grands boulevards parisiens, « clochette » m'avait parlé de rues adjacentes, voisines ou à ma grande surprise, s'étaient trouvés quelques « sex-shop » perdus entre les boutiques de luxe et autres pinacothèques.
Surpris et m'attendant à un éventuel refus de la « prude » clochette, je lui avait proposé d'y jeter un coup d'œil sans trop y croire.
A mon étonnement, celle-ci avait accepté sans trop faire de « chichis », un peu comme si je lui tendais une perche...
Ainsi remontant cette ruelle obscure éclairée par les néons des vitrines aveugles, nous avions redécouvert un univers déjà exploré aux Pays-Bas et en Belgique.
Rayonnage de films, jouets lubriques, accessoires made in Taïwan, tout se mêlait dans une atmosphère qui semblait troubler « clochette » seule femelle hantant ces lieux.
Nous eûmes par la suite quelques échanges sur mon impression bizarre étoffée par mes observations récentes.
« clochette » me parla de ses envies, de ses désirs, de ses coups de folie.
En « elle » depuis un certain temps, des désirs de voyeurisme germaient, un désir aussi de se faire « trousser » dans un lieu tel la cabine vidéo d'un « sex-shop ».
Loin d'elle, le fait de s'exhiber en public, se jouer à la sensuelle provocation, ses quelques pas sur le pavé bruxellois en cuissardes et corset n'avaient pas encore fait germer en elle cette graine d'exhibitionniste dont je soupçonne l'existence.
Non, une simple envie de se plonger dans une atmosphère de néons, de cabines obscures, de sièges en skaï, de voisins aux aguets.
L'idée resta donc dans l'air du temps, un air de plus en plus frais...
D'autres questionnements en elle, germaient.
Questionnement sur l'univers du sexe, des filles en vitrines, des amours tarifés, du porno dispensé pour quelques pièces...
C'est ainsi donc que arpentant à nouveau les rues de Bruxelles, je lui fis découvrir l'univers de ces créatures vénales qui s'offrent au regard des piétons et autres voyeurs.
Trouble et découverte loin d'une idée préconçue d'un univers glauque auquel « clochette » semblait ramener le sexe tarifé.
Loin de moi aussi de brosser un tableau idyllique d'une situation vécue dans mes contrées et qui semble être au final une exception nordique.
De rues en rues, de vénales candidates d'Europe de l'est à de cupides dominatrices africaines, nous arrivâmes près d'un sex-shop dans lequel je n'avais pas mis les pieds depuis fort longtemps.
Je connaissais sa configuration, ses entrées diverses et la disposition bien en retrait de plusieurs cabines ou moyennant quelques euros, un programme diffusait au choix divers films des plus vanilles au plus crus...
Bref, je guide donc la petite miss dans ces couloirs bien loin de son autre image de salle obscure sentant le foutre et la sueur de mâles en rut...
Une cabine bien à l'écart, des portes closes ici et là d'où s'échappent des râles, des cris provenant des quelques films projetés.
Clic, clac, je pousse clochette devant moi... la cabine n'est pas prévue pour deux personnes, nous nous retrouvons à l'étroit.
Je m'installe dans la banquette, pas possible de loger la demoiselle près de moi, elle reste debout.
Clic, clac, quelques piécettes dans la fente et sur le double écran des corps se mélangent.
Surprise pour clochette qui se tait...pour peu de temps, elle bavarde, jacasse...
Je devine la présence dans le couloir d'ombres furtives, d'oreilles attentives, attirées par la voix de fée.
Clic, claque sur le popotin...
-
Vas-tu te taire ! Lui dis-je en riant...
-
Aouch... Mais tu as-vu !
Sur l'écran, une jeune gymnase portant un loup blanc se contorsionne, se tord, s'étend, se caresse...
« clochette » est plus qu'intriguée !
Clic...
Un couple de lesbiennes de cuir vêtues s'enlacent.
Clic...
Un Maître fait voleter les lanières sur le corps d'une soumise mise au supplice.
Clac !
Plus de pièces, clochette se fait un caprice et dit tout haut ce qu'elle pense...
je dois admettre qu'elle n'a pas tort, l'appareil dévore aussi vite les pièces que je lui donne en pâture.
Clic...
Sur l'écran la jeune gymnase se tord et approche son sexe de sa langue, clochette se pose la question de savoir si elle va réussir à se lécher la vulve...
Dans l'alcôve de plus en plus bruyante, mon excitation est à son comble.
Peu de place, une clochette délurée qui ne cesse de commenter les scènes.
Je tombe mon pantalon, clochette quant à elle se contorsionne, tombe le sien, enlève ses chaussures, m'enjambe et s'empale...
Clic...
D'autres images, d'autres scènes, sensation bizarre de sentir clochette se la jouer frotti-frotta, de senti son sexe humide sur ma queue durcie.
Le plaisir monte en moi tandis que fouets et martinets volent sur l'écran, tandis que je sens la jouissance qui sourd au creux de mes reins.
Je râle, je contiens mon plaisir tandis que clochette tout en s'agitant contemple Maîtres et soumises se jouer des maux.
Pause...
Clac !
C'est fin, je n'ai plus de pièces, le silence retombe dans la cabine, clochette continue à bavarder, mes sens exacerbés m'indiquent la présence proche d'autres mâles, des ombres ici et là se glissent sous la porte.
Chut !
Dans un semblant de silence, nous nous contorsionnons tout en se posant la question non résolue de savoir si la créature toute en souplesse qui nous avait accueilli avait réussi à se livrer à une bacchanale solitaire...
Retour à la lumière, discussion main dans la main, ballade dans les rayons du sex-shop tenus par quelques africains...ici et là des caméras de surveillance, clochette s'imagine déjà être « passée à la télé ».
Trouble et intérêt de cette première expérience pour elle comme pour moi...
Ce soir là, nous nous sommes replongé sous la couette, sur l'écran face à nous, d'autres films, d'autres caresses, d'autres cris et gémissements dont ceux de la fée soumis à quelques doigts tendres et fureteurs à la fois.