Stigmata Doloris 2008

Textes 1-  Je suis un prédateur...

Je suis un prédateur...
Un individu propre sur lui, vous me croisez le matin ou le soir, je suis un ami, un collègue ou un illustre inconnu.

Mon territoire de prédation est le net, une contrée où la loi du plus fort reste de mise.
Avec le temps, ma technique s’est affinée, plus subtile et plus efficace.

Il m’a été facile de relever ici et là, les adresses e-mail de mes futures proies.
« Outlook » et la configuration de certains sites d’annonces ou des forums me permet ce tour de passe-passe.
Pas besoin d’être inscrit, je surfe anonymement et relève ici et là les adresses de ces femmes qui osent me provoquer sans le savoir.
Pas besoin d’un cybercafé, de mon bureau ou de mon domicile, je note pointe et comptabilise ces adresses comme de futures victimes de ma chasse.

Mes victimes, je les choisis sur des sites érotiques, coquins ou pornographiques...
Elles écrivent, publient des textes ou annonces, je devine leur psychologie, je me fonds dans un personnage qui sera apte à les cerner.
J’aime les sites « sm » ou apparentés, là, je devine en elles, des faiblesses, de la solitude, une fragilité.
Il suffit d’avoir l’argument qui fait mouche pour tel un coin de bois, je m’enfonce et écarte leur coquille.

Pour les contacter, pas de problèmes...
« Hotmail » me permet de créer autant d’adresses que je veux, des adresses à usage unique, utilisée qu’une seule fois ou pour une seule personne.
Ce fut créé facilement dans un cybercafé, deux heures de travail pour me pourvoir ainsi une vingtaine d’adresses différentes sous le nom « d’Henry Dunant » ou  « Paul Dupont », des noms et prénoms d’une banalité affligeante.

Et puis la chasse commença...
D’un autre cybercafé, avec méthode, j’ouvris une de mes premières adresses et commença à envoyer des mails auprès de ces proies éventuelles.
Un texte simple, accrocheur, rien à voir avec les « tu bez kan » d’illettrés.
L’écriture est un don précieux, une arme redoutable, tournures de phrases, ponctuations sont des moyens de persuasion.

Les premières réponses arrivèrent, des fins de non-recevoir, des adresses périmées et ici et là un mail, une première sangle pour l’attacher.

Parfois comble du bonheur pour le chasseur, derrière l’adresse e-mail anonyme, l’interlocutrice a commis en la configurant la première fois, l’erreur fatale de mettre son nom et prénom.
La spontanéité et l’inconscience font que déjà certaines sont désignées comme des victimes potentielles.

Je sais aussi que certaines brouillent les cartes et que d’autres sont des hommes.

Qu’a cela ne tienne, la chasse est ouverte...
Dans les réponses que je reçois, il y a donc un tri, j’élimine le bon grain de l’ivraie, je me délecte déjà.
Le soir, dans mon canapé, je barre les adresses qui ne correspondent pas à ma chasse.
Les professionnelles des amours tarifées, les « moustachus » et autres comiques.
Non, doucement, cette première pêche a limité le nombre d’inconscientes qui se jettent dans mon piège.

Quelques échanges de mails avec ces personnes, de quoi les mettre en confiance.
Bien entendu, je change au fur et à mesure mes adresses « Hotmail », celles-ci seront comme ces femelles, bonne à jeter après usage.

Si de l’autre côté mon « interlocutrice » ne réagit pas à ce mouvement « brownien »  et cette fuite, c’est qu’elle ne voit que du feu.
Un feu auquel elle va se brûler.

Nous échangeons, je reste cordial, courtois, je donne confiance...
J’essaie aussi de me concentrer sur celles qui semblent les plus délurées.
Inconsciente et délurée, un cocktail détonnant qui grise l’animal qui sommeille en moi, celui qui tisse sa toile.

Après une dizaine d’échanges, mon territoire de chasse s’est réduit, des frustrations pour moi qui parfois voit une proie disparaître et ne plus répondre.
Mais aussi une jubilation quand on continue à parler de soi, de donner des détails anonymes mais qui auront leur importance.

Parfois lors d’échanges, il y aura aussi ce texte qu’elle m’enverra, un fichier Word des plus innocents, un texte érotique parfois, des poèmes aussi... fichier dans lequel en quelques clics, je pourrais trouver des indices et autres détails troublants
Qui fait attention quand il installe un programme ?
Difficile d’admettre qu’en le configurant, de la plus simple façon, nous lui donnons parfois des informations confidentielles qu’il gardera avec lui et qu’un prédateur  pourra lire facilement.

La chasse va atteindre un point culminant, celui du second écrémage, celui ou je serais sûr du sexe de ma victime.
Un mail innocent proposant à celle-ci de me donner son numéro de téléphone portable car, bien entendu, comme c’est elle qui est « demandeuse », je joue sur la corde de la culpabilité éventuelle...
Il faut bien me comprendre, pauvre individu tout propre sur lui...

Et il y aura des réponses !
On essaiera bien pour les plus futées de me demander mes coordonnées d’abord.
Je couperai les ponts ou ferai l’offusqué...
Et puis il y aura celles qui en toute confiance me donneront ce premier sésame.

Quelques mails bien envoyés et déjà un moyen de trier le produit de ma chasse.

D’une cabine téléphonique, je la contacterai, elle sera libre de me répondre ou non en voyant qui la contacte.
D’instinct, elle décrochera dès ce premier appel même si il est anonyme.
Et je saurais alors si elle est réelle ou pas.

Le piège se referme.

Avec ces quelques mails échangés d’un cybercafé, ces coups de fil passés d’une cabine, auxquels elle va répondre, je vais connaître un peu plus d’elle.


Des détails qui viennent comme les pièces d’un puzzle, pour construire une image du personnage qui tombera dans mes griffes.

Si dans la conversation, je perçois un prénom ou un nom qui correspond à son adresse e-mail, il me sera facile de rechercher dans le bottin ou via le net l’adresse du domicile.

Je commencerai à roder ici et là.
Parfois, je me serai trompé, pas de correspondance et l’immeuble associé ne correspondra pas à ma future victime.
Parfois, tout se coordonne, une véritable mécanique bien huilée...
Je la verrai de loin pour la première fois, je ferai ma petite enquête sur elle, vit-elle seule, aurais-je le dessus, je mets en place le stade ultime du piège.

Je sais qui elle est...
Je lui donne rendez-vous quelque part, elle acceptera assez facilement, tout en confiance de ce monsieur bien propre sur lui.

Et je continuerai à l’observer.
Seule et solitaire, fragile et veillant tard le soir, un sentiment de culpabilité qui la ronge ici et là, sentiment qui la pousse à des rencontres extrêmes, un terrain favorable à tous les abus.


Le moment viendra ou après avoir contemplé sa fenêtre pour la ixième fois, je prendrai mon sac et irai sonner chez elle.

Je suis un prédateur...
Un individu propre sur lui, vous me croisez le matin ou le soir, je suis un ami, un collègue ou un illustre inconnu.

Je suis un prédateur et vous ne m’échapperez pas tant que vous commettrez toutes ces erreurs.
J’aurais du plaisir à vous voir vous enlisez dans ces pièges subtils en sachant que le jour ou je vous forcerai, la culpabilité vous empêchera de vous défendre et de réagir.

Je suis un prédateur qui tend sa toile sur les futures victimes que vous pourriez être.
Sam 16 aoû 2008 2 commentaires
Espèce de salopard. Vous mériteriez la taule!!!!!!!!!!
N. - le 16/10/2017 à 15h29
Ouh là, je viens juste de prendre conscience que ce texte est écrit d'un point de vue externe… Profond mea culpa
N. - le 18/10/2017 à 21h16