Stigmata Doloris 2008

12- Deux univers au bout des doigts...

"Le texte qui va suivre a été rédigé par Kamalika.
Il est fort, intense et douloureux mais il est vrai.
Avant qu'elle ne le publie sur son site, nous en avons discuté longuement.
Faut-il tout dire, renier nos histoires.
Ce texte, témoignage, a le mérite d'exister tout simplement.
Il est aussi à mon image, écorché."



Deux univers séparés par une envie commune, un désir charnel et une connivence silencieuse se touchent du bout des doigts pour une étreinte hors du temps…
Une peur me tenaille le ventre de te savoir derrière la porte à attendre cet instant où nos vies se mélangeront pour un instant d’éternité…
La barrière s’ouvre et tu te trouves là, devant moi, dans un sourire qui me coupe le souffle d’oser enfin croire à cette rencontre…

Les mots me manquent…une étreinte silencieuse où je plonge dans tes bras, où je deviens toute petite à te sentir, te toucher, où mes rêves de toi rejoignent la réalité…
Une envie de pleurer me submerge…trop de souffrances durant cette attente, trop de rage refoulée et de plaisir enfouis au plus profond de moi-même…
Tu soulèves le petit bouchon et la serre fortement.
Chaque empreinte de notre rencontre se marque à l’encre indélébile dans ma mémoire…
Je ne sais comment t’aborder.
Je te caresse, te touche, j’ai peur…
Je veux m’assurer que c’est bien vrai, que je ne rêve pas, que tu es bien là, avec moi, en moi…

J’ai du mal à contenir mon envie de caresses plus soutenues mais tu me murmures que nous avons tout notre temps…
Je te retrouve comme dans nos échanges…soucieux de ne pas brusquer les choses, de ne pas effrayer le petit être fragile que je suis malgré tout le désir que j’ai pour toi…
Cela m’attendrit encore plus d’envie…
On s’apprivoise lentement, doucement nos yeux se percutent, nos mains se fondent et nos c½urs raisonnent d’un même battement…
Mon corps réagira avant ma tête et je suis prise de bouffées de chaleur qui m’invitent à ôter ma petite jaquette de coton pour laisser apparaître un corsage violet foncé.
Je ne sais si ce que tu avais découvert de moi se retrouve en ce moment dans ton présent et les questions m’assaillent une fois de plus…mais je les laisse voguer à l’horizon…
Je sens les effluves de ton parfum se mêlant à mon santal.
Cet enivrement me laisse à la dérive de tes morsures que je goutte enfin…
Je m’étais imaginé tant de frissons sous tes crocs, tant de plaisir et de cambrures osées…
Cela dépasse mon entendement et ma volonté.
Je ne peux que plier sous le poids de la réalité et je m’envole dans un abîme de plaisirs sans fond.
Je frissonne de partout. Je ne peux m’échapper de ce délicieux enfer.
C’est si agréable.
Tu n’es là que depuis quelques minutes et je n’ose imaginer m’enfuir loin de ce trouble exaltant…
La douceur de tes caresses, la chaleur de la paume de tes mains contraste avec ma peur froide de mes limites encore très ancrées en moi.
L’intensité est déjà très grande et difficile pour ma part à canaliser…

Cependant, je vis l’instant présent, je meurs dans tes bras avant de sentir mon corsage s’évaporer et de savourer la succion de ta langue sur mes tétons qui se durcissent sous l’effet magique des sens.
Mon regard plonge dans la profondeur de ton gris perlé…
Je revis cet instant silencieux où sans mot, d’un battement de cils, j’ai découvert le loup…
Un attachement qui était né sans que je comprenne pourquoi ni comment, une curiosité qui me poussait à aller au-delà des points d’interrogation et une connivence secrète…

J’engouffre ma bouche dans une recherche mouillée de t’appartenir…
Mes envies écrites deviennent réelles et prennent toute leur saveur…
Ma respiration se fait saccadée, ma gêne augmente, je me sens malgré tout timide face à un Maître qui sait évoluer avec douceur, patience et plaisir…
Ma fébrilité est palpable et ne me rend que plus vulnérable.
J’essaie cependant de me donner une contenance…
On suspend le temps encore un moment avant de revenir à une réalité à deux dans mon univers …
Un face à face qui explore nos curiosités de deux êtres séparés qui osent et prennent le droit de regarder leur bonheur dans les yeux de l’autre…

Le temps s’égrène comme un filet d’eau et la ceinture fait son entrée dans nos plaisirs respectifs…
Un cadeau de bienvenue.
Un cadeau à la hauteur de ce que tu représentes pour moi…
Un présent de te savoir avec moi dans mes faiblesses, mes envies et mes peurs…
Une ceinture de cuir, à la boucle métallisée d’un loup hurlant sous la pleine lune…cette lune qui a été la même durant tous ces mois d’attente, qui a été mon guide dans cette forêt de douleur, qui est si changeante et si féminine à la fois…
Caresse-moi tout tendrement…
Un souhait de ma part, une attente silencieuse et paniquée en te voyant ouvrir ce présent.
Tu es dans mon présent mais si tu n’aimais pas, si tu regrettais cette gravure nominale sur ce cuir…
Comme j’aimerais être gravée dans ma chair de cette lanière par l’effet d’une patte de loup sur moi…sur sa soumise…son amante, amie et louve…
Je vibre en voyant le sourire poindre à tes lèvres, je me blottis dans tes bras…
Pas besoin de mots pour savoir ce que tu ressens…
Puis l’effluve des parfums de ton corps se mêle à ceux du petit bouchon.

En me retournant, je découvre un paquet posé sur la table.
Fébrilement, je découvre à mon tour une ceinture de cuir avec des chaînes…
Une connivence de désir dans nos présents respectifs…
Un sourire, un baiser de gratitude, un corps à corps pour l’ajuster au mieux et une envie de me soumettre qui grandit petit à petit…deux chaleurs bouillonnantes, des draps rouges, l’Orient rejoint nos vies pour une plongée des sens dans un lit à fessées…

Je sais que tu as déjà eu l’occasion de voir mes courbes en photo mais le photographe a sans doute su les mettre en valeur aussi…
Une nuisette rose pâle en dentelle, des frissons d’envie et un lit rouge de plaisir nous attend…
Un kimono cachera mes rondeurs et autres courbes dans l’attente de sentir ton corps les parcourir…
Mais avant cela, tu ne te prives d’augmenter mon taux d’adrénaline en me bandant les yeux.
J’ai cependant le droit de garder les mains libres.
Mais celles-ci doivent être en croix et les jambes écartées.
Je frissonne de froid et de peur. La jeune louve est terrorisée.
J’entends le Maître qui farfouille dans son sac à malice et il me fait l’historique et l’apologie de ses différents martinets…

Martinets !

Je grimpe au mur, je redoute cet instrument de manière incontrôlée.
Je commence à me tortiller.
J’essaie de me souvenir de tes paroles concernant ta manière de les utiliser mais impossible, je suis tétanisée…
Je veux m’enfuir, je tente de me relever mais trop tard…
La première lanière de cuir se pose sur moi.
Une tension de peur se mêle à un sentiment d’in compréhension…
Cela ne fait pas si mal, ni si peur…
C’est même agréable…voire très agréable et corollaire de cette découverte…j’en veux encore…

Mais tu as prévu autre chose…
Mon slip en dentelle s’envole et un deuxième martinet me caresse, me frôle, épouse mes courbes, je ne suis qu’une peau qui se tend sous le cuir.
C’est si bon, je gémis et entre deux caresses des morsures de loup…
Un paradis terrestre divin !
Je ne me rassasie pas de ce délicieux nectar et ma soif deviendra de plus en plus grande.
Heureusement que ton chat à neuf queues reprend la relève.
Je ne réalise pas que je suis en train de savourer l’instrument que je redoutais le plus après la canne…
Je me laisse envahir par toutes les émotions.
Une peur toujours que les lanières frappent mon sexe…
Cela est inévitable mais les coups se transforment en frôlements sensuels sous la dextérité du Maître…
Je crie mon plaisir, me cambre au maximum, je suffoque tellement c’est bon !
Je plaque mes bras le long du corps…ta voix dure me rappelle que tu ne m’as pas donné cet ordre.
Je ne réagis pas par provocation…
La lanière de cuir sera ta façon de me faire entendre raison…
Je me laisse apprivoiser par cet instrument, tes phrases me reviennent en tête.
Je te comprends mieux et je sais désormais que quoi qu’il arrive ma peur ne peut que devenir plaisir avec toi….

Puis un sentiment bizarre intervient…
Je ne comprends pas…
Où est passé le chat à neuf queues ??
C’est quoi qui provoquent ces ondes de choc ?
Je vibre, je sens la canne qui se pose sur moi pour la première fois…
Je n’arrive pas à y croire…
L’éducation anglaise, les stries rouges des écolières en jupette, voilà ce que je liais à la canne…et voilà qu’elle devient le premier souffle d’ondulation sur un fessier qui rebondit sous l’effet du plaisir…
Mon entrecuisse salive immédiatement et je suis à deux doigts de pleurer ma gratitude de me faire découvrir pareilles merveilles !
Un savoir faire absolument époustouflant de la part de mon Maître…
Je le laisse me soumettre avant de lui dire d’un ton malicieux que je préfère la cravache…
Mes fesses ne sont pas bien chaudes, elles ont juste goûté à des caresses bienveillantes et rassurantes.

C’est vrai que cette zone érogène par excellence avait pris un coup de froid à la suite d’un récit…
Je savais que cela me manquait terriblement et une vague de souvenirs heureux me reviennent à l’esprit.
Me voir allongée sur les genoux de mes fesseurs à sentir cette onde de chaleur me parcourir était un instant de pur délice.
Mais pour nous, la tendresse est au rendez-vous de se découvrir.
Un instant, une minute, un désir, un plaisir et me voilà offerte à toi à plier sous le poids de tes morsures, à sentir les vibrations électrisantes de tes crocs et au souffle chaud de ta bouche contre la mienne…
La poésie des mots résonne à mon oreille et je me laisse bercer par tes compliments. J’essaie d’y croire malgré un caractère plutôt réticent face à ce genre de douceurs…
Je lis dans tes caresses ton envie de ne pas effrayer et réveiller les peurs de la jeune louve…
Je me sens mal à l’aise de savoir mon postérieur difforme, relié à des jambes fines et flageolantes, voire mortes par certains aspects et une honte m’envahit. Je sais bien que la danse les muscles mais cela n’enlève pas mon désarroi.
Tu t’émerveilles cependant devant elles et les caresse tendrement.
Déjà ta patte chaude enveloppe mes globes et les claque et mon appétit de me savoir belle dans tes yeux renaît et estompe pour un temps, un temps seulement mon handicap.

Je retrouve ces sensations oubliées, ce frisson dans le bas ventre, cette douleur jouissive sous des caresses de plaisir.
Je me laisse emporter dans cette vague puissante…et étendue dans cette immense mare rouge de passion, j’ondule sous les coups.
Je me cambre, encore et encore, t’offre mon intimité suc-cul-lente.
La lave jaillit de mon sexe et ton plaisir d’être fesseur renaît quelques allusions mesquines de ma part et me voilà à t’entendre me dire : « Qui est le Maître ? »
Je ne répondrai pas…
Je me ferai violence et chercherai à protéger mon orgueil par-dessus tout.
Mes bras plaqués le long du corps, je subirai les coups du chat à neuf queues…
Ils se font plus rapides, plus intenses, toujours ciblés au même endroit et la cadence ira crescendo.
Je tente de me protéger de mes mains mais ce sont elles qui reçoivent la punition. Instinctivement, je les retire et je retiens ta première leçon : «  Ne jamais entraver le jeu, plutôt dire ou faire comprendre l’arrêt momentané ou définitif de l’instant mais ne jamais mettre les mains car cela devient dangereux ».
La succession de coups ne s’atténue pas, au contraire ils sont relayés par la cravache…

Cet instrument qui me fait tant vibrer, qui m’amène dans un monde de délivrance, où la peur se transforme en plaisir…
Mais mon fessier est déjà douloureux, les stries ne marqueront pas ma peau foncée même si elles empreintes mon corps malgré tout.
Je lutte pour ne pas dire « Maître »…
Je me retourne contre ta volonté et je te regarde dans les yeux. Des étincelles d’envie retiennent le mot que tu attends tellement…
Ton corps sur le mien chauffe mon bas ventre et l’excitation me gagne.

Je me veux soumise et je recherche la gifle.
Je souhaite t’appartenir non seulement avec des mots mais aussi avec des actes qui résonnent en moi et qui se propagent dans notre étreinte.
Une bataille de chair s’anime pour être la plus offerte à la recevoir…
Tu m’offres à ton tour ton visage, ton sourire derrière la force de tes mains encerclant mes poignets.
La facilité de ton abandon m’agace et fait ressortir le bouillonnement de ma soumission.
Le temps s’arrête, la jubilation pointe le bout de son nez et la patte de la louve s’abat sur la joue du loup.
Ma force n’était pas contrôlée et je redoute le revers de la médaille.
Je suis dans un état d’excitation totale et de peur intense.
Je ne voudrais que cet instant s’arrête…
J’angoisse du paradoxe que la gifle me procure.
Je ne peux cependant l’accepter aussi facilement et tendrement et je me battrai et lutterai encore.

Je me tortillerai sous toi, accentuant les mouvements de mon bassin, augmentant ma chaleur corporelle et la lave de mes sucs intimes.
Je joue de ma peur et de tes souvenirs.
Le flot d’émotions te fait hurler que plus personne ne te touchera  et sur un dernier regard d’affront même si je sens déjà la soumission poindre en moi, je suis propulsée dans un abandon total de soumise.
J’ai goûté à la gifle du loup.
Une douleur aigue et rapide qui me fait automatiquement me protéger et caresser ma joue.
Je baisse les yeux…
Une jouissance extrême qui élargit mes non-dits et une appartenance viscérale à mon loup.
Je m’avoue secrètement que je ne m’attendais pas à une telle violence même si je sais qu’elle était sans doute très contrôlée…

Mes actes sont le reflet de ma soumission.
Mes yeux me trahissent et me dévoilent enfin…
Regarde-moi bien…
Je suis à toi, fière d’être ta soumise…
Fais de moi ce que tu voudras…
Je ne réfléchis plus, je ne pense plus.
La peur a disparu pour faire place à un sentiment de profonde gratitude.
Les larmes qui se terrent au coin de mes yeux ont ressenti comme le reste de mon corps que tu as compris et vécu mon désir…
Je voudrais pouvoir pleurer et laisser le sel épouser ma joue d’un relâchement de ne plus anticiper ma vie et de laisser le Maître être mon guide pour un temps seulement afin que je puisse m’envoler encore plus haut le moment venu…

Tu as respecté cette puissance de l’abandon et tu l’as fait vibrer en nous.
Mon regard est chargé de plaisir, de rage de vivre et peut-être aussi un peu de désolation de savoir que cet instant de jouissance aussi intense pour ma part soit déjà consumé.
J’aurais voulu que le temps s’arrête entre l’instant où ta marque empreinte ma chair et celui où je me noie dans le regard de mon Maître.
Le souvenir de cette connivence aigue marquera à tout jamais mes chairs et mon envie de t’appartenir au-delà de tout, toujours plus haut,  toujours plus loin, toujours plus fort…je suis soumise et je le sais…mon attitude silencieuse te permet de te rendre compte que je ferais tout pour te satisfaire mais il semblerait que la fessée ne soit pas terminée…

Tu attends sans doute un mot d’appartenance de ma part.
Tu me retournes donc sur le ventre et tu me demandes combien de coups…
Je déteste cela, je te hais de me poser cette question que je redoute tant et par énervement et provocation je te répondrai « Un »…La magie du désir le transforme en quarante coups.
Quarante jours d’attente, de désert avant de vibrer avec toi durant cette semaine. Quarante seconde où je me refuse encore et toujours à te dire « Maître ».
Quarante coups qui pleuvent comme l’orage qui gronde dans ta voix.
Et enfin quarante ondulations de mon bassin qui recherche la rencontre et la fusion des lanières sur ma peau.

La chaleur m’envahit, je crispe mes mains sur le coussin.
Je voudrais que le temps s’arrête…39,40…Le temps suspend son vol et j’effleure de mes doigts les boursouflures minuscules que le chat à neuf queues a imprimées sur moi.
Etrange sensation…Première fois que je découvre des traces tactiles (hormis la chaleur fessière) que je viens de vivre et endurer.
Cela s’appelait une punition, ce fut un plaisir…
Tu me redis encore une fois les émotions qui te traversent le c½ur de me fesser…
Une connivence qui se soude par des mains chaudes…

Lun 18 aoû 2008 Aucun commentaire