Stigmata Doloris 2008
17- Au delà de ses craintes...
Au-delà de ses craintes…
L’aube pointe son oeil malicieux derrière les lourdes tentures de ma chambre.
Une aube grise, qui contraste avec le sentiment étrange que j’ai en moi.
Plus bas, la tête collée sur mon ventre, elle s’est blottit tendrement.
Il y a de cela quelques heures, je n’osais imaginer la revoir et l’accueillir à nouveau dans mon antre, mon repaire.
Elle s’était éclipsée comme cela, une quinzaine de jours avant, après un « différent » entre deux êtres qui avaient partagés des moments forts.
Il semblait que ce départ avait été définitif, une rupture irréparable avec cette frêle créature qui m’était apparu une soirée d’Août.
Et puis, après son départ vers la capitale, quelques écrits de sa part, un silence…
Moi, j’avais repris le cours de ma vie, refermé cette parenthèse existentielle, fouillé dans la poubelle des rumeurs et autres mensonges qui se colportent sur le net, voyagé aussi pour la « reconnaître » sans toutefois démêler le noeud géorgien d’un bric-à-brac existentiel.
Je ne comptais plus sur elle, retournée dans ses terres, contrées lointaines où le Loup n’avait pas su s’acclimater tant il avait besoin de cet espace vital que nous avions eu du mal à partager.
J’étais plongé dans le travail, maniant les outils et autres accessoires festifs, laissant mes neurones exploser dans ces délires créatifs qui m’apportent parfois la reconnaissance des autres.
Les mains plein de peinture, dans une atmosphère surchauffée, le bruit du « pistolet » couvrant de sa brume ces tenues les plus folles, je n’avais pas entendu la sonnerie de mon portable…
Quelqu’un s’est écrié et m’a appelé, j’ai reconnu l’appelant, celle qui osait me déranger en plein travail, moment relativement sacré, moment que la plupart savent ne pas pouvoir déranger.
-« C’est moi…ne raccroche pas, je dois te parler… »
Je ne peux que l’écouter car je ressens le « bizarre » de la situation…
-« je suis à M…, j’ai pris une chambre à l’hôtel, je repars demain mais il faut que l’on se voit… »
Ici, je ne comprends plus rien, ma première impression est qu’elle n’était pas repartie chez elle et qu’avant son ultime départ, elle réapparaissait pour conclure une histoire fanée.
Mais les explications viennent, fusent dans un mélange de paroles ou je sous-entends des sanglots.
-« J’ai pris l’avion ce matin, je dois te remettre quelque chose, il faut qu’on se voit… »
L’instant de surprise passé, j’essaie de me détacher, de me désincarner dans ma réponse qui sera brève, je lui fixe une heure à laquelle je me présenterai dans un endroit neutre.
Je me méfie encore et encore…
Je me replonge dans mon travail mais des pensées diffuses viennent à l’esprit.
Colère, rage et envies se mêlent, les scenarii les plus troublants me reviennent en tête, ceux qui s’étaient précipités dans mes délires vengeurs, des envies de plaisirs inassouvis, de limites repoussées, de tabous inavouables.
Je me revois des rêves de sexe rageur, de sodomies féroces, d’instruments cruels et d’un plaisir égoïste pris sur le vif d’une créature à asservir.
L’accomplissement d’une série d’actes dans lesquels, le Loup donnera le pardon à celle qui l’a trahi à nouveau.
Mais je sais aussi de par ma nature que ces fantasmes interdits, ces pulsions destructrices sont un exutoire, même et surtout en pensée…
Mais je ne sais pas ce qui va se passer aussi, car c’est la première fois que l’objet de ma rage et de ma colère vient se soumettre tel quel.
Le temps passe, les heures interminables, les minutes qui n’en finissent pas, les secondes éternelles.
Dans l’obscurité, je rejoins la Cité du Dragon, une ville frontière qui me sert de refuge parfois.
Je me gare sur une place, ma conviction est faite, l’envie est là, trop forte pour être raisonnable.
Sur un balcon, je l’aperçois qui guète mon arrivée, une cigarette à la main pour essayer de calmer cette peur qui transfigure même de loin.
Elle est tellement stressée qu’elle ne voit pas le Loup qui s’approche et je dois la faire appeler par le réceptionniste.
Nous voilà en tête-à-tête dans ce café, je la sens sur la défensive, moi je me sens à nouveau sous le charme…
Elle parle, je parle, nous discutons.
Elle me raconte son « après », ses expériences et désillusions, le bilan aussi de ces jours passés ensemble.
Elle se confond en excuses et regrets, elle se soumet à ma décision, elle se soumet en me rendant son collier…
Je le refuse, ce collier est sien, part intégrale de ce qu’elle est devenue.
Et si je dois le reprendre, c’est pour le lui passer à nouveau autour du cou, laissant son nom de louve éclater au grand jour.
Cela est dit…
Quant à le faire, l’invitation de me rejoindre à nouveau viendra naturellement.
Elle se sentait rejetée, abandonnée par ses actes, elle se sent accueillie à nouveau, prise entre des sentiments mitigés, elle accepte mon offre.
Je sais aussi que c’était son désir car son sac n’est pas déballé et elle n’aura qu’à faire un aller-retour pour le récupérer dans cette chambre éphémère refuge.
Nous voilà de retour sur mes terres, ma contrée, mon territoire…
Son regard brille à nouveau au seuil de la porte, des pensées de « chair » lui viennent à l’esprit.
Quelques commentaires nostalgiques fusent, près de la cheminée, elle s’agenouille.
Elle tremble et malgré la chaleur de l’âtre, je l’invite à me rejoindre.
Elle se blottit mais pour moi, il est aussi temps de remarquer cette créature intrépide.
Je la fais se déshabiller et elle se retrouve complètement nue auprès de moi, son opulente poitrine, fruits de sévices se pose contre mon torse.
Le collier qui était dans la poche de mon blouson, réapparaît et pare à nouveau cette nuque offerte.
Elle se penche et ouvre son petit sac à dos, une enveloppe qu’elle sort et commence à lire…
Un condensé de ses paroles, des ses actes et de ses envies, une missive ultime qui devait accompagner le collier qu’elle posait à mes pieds.
Le charme redoutable opère à nouveau, je l’écoute me laissant bercer par le chant du lierre.
Les ombres et lueurs des flammes de la cheminée dansent sur son corps meurtri et abandonné.
Le temps se suspend, s’arrête, nos corps se rejoignent, s’enlacent et s’embrasent à nouveau.
Nous nous consumons dans un feu purificateur et vengeur.
Nous nous étreignons dans une passion cruelle, dans le manque de sentir l’autre, son odeur, sa chaleur.
Nous nous couchons dans les draps de feu, le satin glisse sous notre peau, sa peau épicée marque à nouveau de son odeur, son intimité déborde de bonheur.
Une étreinte inaboutie, un désir cruel, une frustration aussi mais qui ne tarde pas à culminer quand de ma jouissance, je marque son corps…
L’aube pointe son oeil malicieux derrière les lourdes tentures de ma chambre.
Une aube grise, qui contraste avec le sentiment étrange que j’ai en moi.
Plus bas, la tête collée sur mon ventre, elle s’est blottit tendrement.
Les sentiments se mélangent en moi, désir, confusion et mélancolie…
Tout était redevenu si simple au final.
Trop simple finalement pour ce Loup qui n’en finit pas de trancher dans le vif de ses relations avec celles qui s’attardent trop essayant vainement de se raccrocher à lui.
Dans ma tête, elle s’était éloignée à jamais, dans mon corps, ses lèvres sèches se posent sur mon bas ventre.
L’instinct ancestral monte en moi, une envie des plus folles car elle est au-delà de ses craintes et terreurs.
Mon sexe s’emplit à nouveau d’envie et de passion, il commence à me brûler, à turgescer…
Ma main parcourt son dos, frôle ses épaules remonte vers la tête, la nuque qui s’abandonne.
L’autre main se glisse près de ce sexe gonflé et obscène, le dirige vers ses lèvres, sa bouche.
Le chemin parcouru se fait dans un ralentissement du temps, chaque soupir dure une éternité, chaque gestes et frôlements s’amplifient.
-« Prends-moi, mange-moi… »
A nouveau sa respiration accélère, son corps se met à trembler.
Elle sait qu’elle ne peut reculer même si rien ne lui oblige au final.
Elle sait que le moment d’enterrer certaines de ses terreurs, de gommer des fantômes nocturnes est arrivé.
Son esprit désire plus que tout franchir cette étape, cette longue décennie de souffrances, son corps quant à lui, elle ne le maîtrise pas.
Il n’y a pas de mouvements de reculs, ni de fuite, mais des hésitations, des crispations et quelques hoquets de sa part.
-« Il est temps de faire corps avec-moi, il est temps de repousser tes craintes et terreurs… »
-« Je ne vais pas y arriver » me dit-elle.
Des conflits et des cauchemards, des envies aussi en elle d’aller plus loin, de se sentir comme toutes les autres, celles pour qui le sexe est plaisir et non terreurs nocturnes et frustrations.
-« Tu vas y arriver, il a fallu du temps mais je sais que c’est le moment, tu le feras pour moi… »
Ma voix devient plus grave et profonde, l’intonation est sans appel, l’autorité coule d’elle-même.
La fleur d’épice se rapproche de mon sexe, elle se soumet, de temps en temps, un spasme secoue son corps.
Elle a bien entendu toute la liberté de se retirer, de s’enfuir mais pour quoi, quelle destinée…
La peur qui l’envahit régulièrement, la terreur qui la bloque, tout cela se doit d’être effacé.
Il suffit alors d’un moment, de confiance et de pouvoir…
Le pouvoir d’un Maître, d’un Dominant, une désincarnation du Loup, un autre moi qui supplante et domine ma chair comme la sienne.
Je ne suis plus qu’un sexe avide de ses caresses buccales, elle n’est plus qu’un animal destiné au plaisir du mâle de l’espèce.
Nous franchissons ensemble cette terreur, cette crainte.
Son corps est secoué de spasmes et sanglots, je caresse ses épaules mais je ne touche pas ses cheveux…
Je lui laisse cette autorisation tacite d’interrompre ce chemin de croix.
-« Je ne vais pas y parvenir, c’est trop dur » me dit-elle encore avant de coller ses lèvres sur mon gland, de le lécher avec une certaine avidité morbide.
Que de chemins parcourus entre cette phrase lancée au hasard d’un « bon mot » lors d’une rencontre inespérée dans une cité du fer et de l’acier…
Que de barrières franchies, de fantômes et autres terreurs effacés…
Elle continue, s’acharne sur mon sexe qui sent en elle le réceptacle de ma semence.
Ses lèvres, sa bouche, s’humidifient, un fourreau chaud et humide se crée, je m’introduis en elle, la comble.
Des hoquets, je me retire de sa bouche, elle respire et s’empare à nouveau de mon sexe.
La peur n’est plus là, le désir n’y est pas encore, mais nous sommes déjà plus loin que la terreur.
Elle a déjà goutté à quelques gouttes de ma semence lors de jeux dans cette cave qu’elle apprécie tant.
Elle qui ne se doutait pas qu’un vieux Loup aurait pu s’attacher à une créature comme elle.
Des gouttes d’une semence répandue sur son corps attaché et que j’avais ramassé avec ma griffe, porté à ses lèvres, étalé sur son visage.
Ici, elle sait que cette semence viendra en elle, qu’elle s’écoulera en flots avides, elle est encore dans l’inconnue.
Ma main droite reprend enfin sa tête et la dégage de mon sexe qui est douloureux de tension, la gauche se met à le caresser à quelques distances de sa bouche.
-« Ouvre ta bouche, passe ta langue et sois prête à me satisfaire… »
-« Je ne sais pas s’y je vais y arriver, c’est trop dur, je vais vomir… »
-« Il le faut, c’est comme cela… »
Tout deux sommes allés trop loin, trop de craintes et d’échecs, il faut tenir, résister à cette tension, cet humanisme qui nous ferait abandonner ce moment trop intense, trop douloureux.
Elle s’exécute, sa bouche s’entrouvre, sa langue petit bout de chair rose, sort et à quelques centimètres de mon gland se met à trembler de peur, crainte et désir.
L’envie monte en moi, je rapproche mon bassin de sa bouche, elle ne se retire pas, sa langue reste toujours aussi affolée, dansant de façon impudique, excitant tel un appât l’envie de foutre.
Je jouis, ma semence gicle en jets saccadés, ceux-ci se posent, déposent, s’immiscent et pénètrent dans ses chairs.
Elle ne se retire pas, elle se donne et avale, je la fous, la remplis et par ma semence efface plus de dix années de terreurs et craintes.
Elle découvre que ce poison ne la tue pas, que ma semence ne la détruit pas…
Des larmes coulent, mais ce sont des larmes de gratitudes.
Paradoxe étonnant quand en même temps, ma jouissance a été multiple…
Celle du mâle qui se vide dans une femelle, « bouche à bite », celle de l’amant patient qui tel « Charon » aide au passage dans une contrée inconnue et puis celle inattendue et tellement puissante, troublante et inquiétante d’un Maître qui dicte sa volonté primale à une femelle asservie dans ses propres terreurs.
Un sentiment de puissance énorme, une explosion de sentiments contradictoires mais tellement troublant au final.
-« J’ai tout avalé, je ne voulais pas recracher… »
Paroles toutes aussi troublantes qui confirme la puissance des mots, de la voix, de ce que je n’avais même pas demandé ni envisagé.
Je sais qu’elle n’a pas éprouvé de plaisir dans ce qui est une épreuve pour elle mais je sais aussi que des barrières, des rideaux de fer se sont effondrés à force de patience et de tendresse.
Je sais aussi qu’il a fallu aller plus loin, au-delà de ses craintes, terreurs et hurlements paniqués pour enfin asservir ses fantômes.
Sa tête repose sur mon bas ventre, mon sexe s’en trouve ridicule, vidé de sa passion et de sa substance mais l’instant est magique.
Dans quelques heures, mais nous ne le savons pas encore, elle repartira vers ses montagnes…
Et sur mon portable, un simple message sera presque le seul témoignage de ce moment vécu comme dans un rêve :
« J’ai goûté et bu à la graine de vie du loup…tu vis désormais en moi, avec moi, où que tu sois, quoi que l’on fasse et ce, à jamais…Tu as déposé sur moi une empreinte intérieure…Tendrement;"
Grand Nord Mai 2007
Au-delà de ses craintes…
L’aube pointe son oeil malicieux derrière les lourdes tentures de ma chambre.
Une aube grise, qui contraste avec le sentiment étrange que j’ai en moi.
Plus bas, la tête collée sur mon ventre, elle s’est blottit tendrement.
Il y a de cela quelques heures, je n’osais imaginer la revoir et l’accueillir à nouveau dans mon antre, mon repaire.
Elle s’était éclipsée comme cela, une quinzaine de jours avant, après un « différent » entre deux êtres qui avaient partagés des moments forts.
Il semblait que ce départ avait été définitif, une rupture irréparable avec cette frêle créature qui m’était apparu une soirée d’Août.
Et puis, après son départ vers la capitale, quelques écrits de sa part, un silence…
Moi, j’avais repris le cours de ma vie, refermé cette parenthèse existentielle, fouillé dans la poubelle des rumeurs et autres mensonges qui se colportent sur le net, voyagé aussi pour la « reconnaître » sans toutefois démêler le noeud géorgien d’un bric-à-brac existentiel.
Je ne comptais plus sur elle, retournée dans ses terres, contrées lointaines où le Loup n’avait pas su s’acclimater tant il avait besoin de cet espace vital que nous avions eu du mal à partager.
J’étais plongé dans le travail, maniant les outils et autres accessoires festifs, laissant mes neurones exploser dans ces délires créatifs qui m’apportent parfois la reconnaissance des autres.
Les mains plein de peinture, dans une atmosphère surchauffée, le bruit du « pistolet » couvrant de sa brume ces tenues les plus folles, je n’avais pas entendu la sonnerie de mon portable…
Quelqu’un s’est écrié et m’a appelé, j’ai reconnu l’appelant, celle qui osait me déranger en plein travail, moment relativement sacré, moment que la plupart savent ne pas pouvoir déranger.
-« C’est moi…ne raccroche pas, je dois te parler… »
Je ne peux que l’écouter car je ressens le « bizarre » de la situation…
-« je suis à M…, j’ai pris une chambre à l’hôtel, je repars demain mais il faut que l’on se voit… »
Ici, je ne comprends plus rien, ma première impression est qu’elle n’était pas repartie chez elle et qu’avant son ultime départ, elle réapparaissait pour conclure une histoire fanée.
Mais les explications viennent, fusent dans un mélange de paroles ou je sous-entends des sanglots.
-« J’ai pris l’avion ce matin, je dois te remettre quelque chose, il faut qu’on se voit… »
L’instant de surprise passé, j’essaie de me détacher, de me désincarner dans ma réponse qui sera brève, je lui fixe une heure à laquelle je me présenterai dans un endroit neutre.
Je me méfie encore et encore…
Je me replonge dans mon travail mais des pensées diffuses viennent à l’esprit.
Colère, rage et envies se mêlent, les scenarii les plus troublants me reviennent en tête, ceux qui s’étaient précipités dans mes délires vengeurs, des envies de plaisirs inassouvis, de limites repoussées, de tabous inavouables.
Je me revois des rêves de sexe rageur, de sodomies féroces, d’instruments cruels et d’un plaisir égoïste pris sur le vif d’une créature à asservir.
L’accomplissement d’une série d’actes dans lesquels, le Loup donnera le pardon à celle qui l’a trahi à nouveau.
Mais je sais aussi de par ma nature que ces fantasmes interdits, ces pulsions destructrices sont un exutoire, même et surtout en pensée…
Mais je ne sais pas ce qui va se passer aussi, car c’est la première fois que l’objet de ma rage et de ma colère vient se soumettre tel quel.
Le temps passe, les heures interminables, les minutes qui n’en finissent pas, les secondes éternelles.
Dans l’obscurité, je rejoins la Cité du Dragon, une ville frontière qui me sert de refuge parfois.
Je me gare sur une place, ma conviction est faite, l’envie est là, trop forte pour être raisonnable.
Sur un balcon, je l’aperçois qui guète mon arrivée, une cigarette à la main pour essayer de calmer cette peur qui transfigure même de loin.
Elle est tellement stressée qu’elle ne voit pas le Loup qui s’approche et je dois la faire appeler par le réceptionniste.
Nous voilà en tête-à-tête dans ce café, je la sens sur la défensive, moi je me sens à nouveau sous le charme…
Elle parle, je parle, nous discutons.
Elle me raconte son « après », ses expériences et désillusions, le bilan aussi de ces jours passés ensemble.
Elle se confond en excuses et regrets, elle se soumet à ma décision, elle se soumet en me rendant son collier…
Je le refuse, ce collier est sien, part intégrale de ce qu’elle est devenue.
Et si je dois le reprendre, c’est pour le lui passer à nouveau autour du cou, laissant son nom de louve éclater au grand jour.
Cela est dit…
Quant à le faire, l’invitation de me rejoindre à nouveau viendra naturellement.
Elle se sentait rejetée, abandonnée par ses actes, elle se sent accueillie à nouveau, prise entre des sentiments mitigés, elle accepte mon offre.
Je sais aussi que c’était son désir car son sac n’est pas déballé et elle n’aura qu’à faire un aller-retour pour le récupérer dans cette chambre éphémère refuge.
Nous voilà de retour sur mes terres, ma contrée, mon territoire…
Son regard brille à nouveau au seuil de la porte, des pensées de « chair » lui viennent à l’esprit.
Quelques commentaires nostalgiques fusent, près de la cheminée, elle s’agenouille.
Elle tremble et malgré la chaleur de l’âtre, je l’invite à me rejoindre.
Elle se blottit mais pour moi, il est aussi temps de remarquer cette créature intrépide.
Je la fais se déshabiller et elle se retrouve complètement nue auprès de moi, son opulente poitrine, fruits de sévices se pose contre mon torse.
Le collier qui était dans la poche de mon blouson, réapparaît et pare à nouveau cette nuque offerte.
Elle se penche et ouvre son petit sac à dos, une enveloppe qu’elle sort et commence à lire…
Un condensé de ses paroles, des ses actes et de ses envies, une missive ultime qui devait accompagner le collier qu’elle posait à mes pieds.
Le charme redoutable opère à nouveau, je l’écoute me laissant bercer par le chant du lierre.
Les ombres et lueurs des flammes de la cheminée dansent sur son corps meurtri et abandonné.
Le temps se suspend, s’arrête, nos corps se rejoignent, s’enlacent et s’embrasent à nouveau.
Nous nous consumons dans un feu purificateur et vengeur.
Nous nous étreignons dans une passion cruelle, dans le manque de sentir l’autre, son odeur, sa chaleur.
Nous nous couchons dans les draps de feu, le satin glisse sous notre peau, sa peau épicée marque à nouveau de son odeur, son intimité déborde de bonheur.
Une étreinte inaboutie, un désir cruel, une frustration aussi mais qui ne tarde pas à culminer quand de ma jouissance, je marque son corps…
L’aube pointe son oeil malicieux derrière les lourdes tentures de ma chambre.
Une aube grise, qui contraste avec le sentiment étrange que j’ai en moi.
Plus bas, la tête collée sur mon ventre, elle s’est blottit tendrement.
Les sentiments se mélangent en moi, désir, confusion et mélancolie…
Tout était redevenu si simple au final.
Trop simple finalement pour ce Loup qui n’en finit pas de trancher dans le vif de ses relations avec celles qui s’attardent trop essayant vainement de se raccrocher à lui.
Dans ma tête, elle s’était éloignée à jamais, dans mon corps, ses lèvres sèches se posent sur mon bas ventre.
L’instinct ancestral monte en moi, une envie des plus folles car elle est au-delà de ses craintes et terreurs.
Mon sexe s’emplit à nouveau d’envie et de passion, il commence à me brûler, à turgescer…
Ma main parcourt son dos, frôle ses épaules remonte vers la tête, la nuque qui s’abandonne.
L’autre main se glisse près de ce sexe gonflé et obscène, le dirige vers ses lèvres, sa bouche.
Le chemin parcouru se fait dans un ralentissement du temps, chaque soupir dure une éternité, chaque gestes et frôlements s’amplifient.
-« Prends-moi, mange-moi… »
A nouveau sa respiration accélère, son corps se met à trembler.
Elle sait qu’elle ne peut reculer même si rien ne lui oblige au final.
Elle sait que le moment d’enterrer certaines de ses terreurs, de gommer des fantômes nocturnes est arrivé.
Son esprit désire plus que tout franchir cette étape, cette longue décennie de souffrances, son corps quant à lui, elle ne le maîtrise pas.
Il n’y a pas de mouvements de reculs, ni de fuite, mais des hésitations, des crispations et quelques hoquets de sa part.
-« Il est temps de faire corps avec-moi, il est temps de repousser tes craintes et terreurs… »
-« Je ne vais pas y arriver » me dit-elle.
Des conflits et des cauchemards, des envies aussi en elle d’aller plus loin, de se sentir comme toutes les autres, celles pour qui le sexe est plaisir et non terreurs nocturnes et frustrations.
-« Tu vas y arriver, il a fallu du temps mais je sais que c’est le moment, tu le feras pour moi… »
Ma voix devient plus grave et profonde, l’intonation est sans appel, l’autorité coule d’elle-même.
La fleur d’épice se rapproche de mon sexe, elle se soumet, de temps en temps, un spasme secoue son corps.
Elle a bien entendu toute la liberté de se retirer, de s’enfuir mais pour quoi, quelle destinée…
La peur qui l’envahit régulièrement, la terreur qui la bloque, tout cela se doit d’être effacé.
Il suffit alors d’un moment, de confiance et de pouvoir…
Le pouvoir d’un Maître, d’un Dominant, une désincarnation du Loup, un autre moi qui supplante et domine ma chair comme la sienne.
Je ne suis plus qu’un sexe avide de ses caresses buccales, elle n’est plus qu’un animal destiné au plaisir du mâle de l’espèce.
Nous franchissons ensemble cette terreur, cette crainte.
Son corps est secoué de spasmes et sanglots, je caresse ses épaules mais je ne touche pas ses cheveux…
Je lui laisse cette autorisation tacite d’interrompre ce chemin de croix.
-« Je ne vais pas y parvenir, c’est trop dur » me dit-elle encore avant de coller ses lèvres sur mon gland, de le lécher avec une certaine avidité morbide.
Que de chemins parcourus entre cette phrase lancée au hasard d’un « bon mot » lors d’une rencontre inespérée dans une cité du fer et de l’acier…
Que de barrières franchies, de fantômes et autres terreurs effacés…
Elle continue, s’acharne sur mon sexe qui sent en elle le réceptacle de ma semence.
Ses lèvres, sa bouche, s’humidifient, un fourreau chaud et humide se crée, je m’introduis en elle, la comble.
Des hoquets, je me retire de sa bouche, elle respire et s’empare à nouveau de mon sexe.
La peur n’est plus là, le désir n’y est pas encore, mais nous sommes déjà plus loin que la terreur.
Elle a déjà goutté à quelques gouttes de ma semence lors de jeux dans cette cave qu’elle apprécie tant.
Elle qui ne se doutait pas qu’un vieux Loup aurait pu s’attacher à une créature comme elle.
Des gouttes d’une semence répandue sur son corps attaché et que j’avais ramassé avec ma griffe, porté à ses lèvres, étalé sur son visage.
Ici, elle sait que cette semence viendra en elle, qu’elle s’écoulera en flots avides, elle est encore dans l’inconnue.
Ma main droite reprend enfin sa tête et la dégage de mon sexe qui est douloureux de tension, la gauche se met à le caresser à quelques distances de sa bouche.
-« Ouvre ta bouche, passe ta langue et sois prête à me satisfaire… »
-« Je ne sais pas s’y je vais y arriver, c’est trop dur, je vais vomir… »
-« Il le faut, c’est comme cela… »
Tout deux sommes allés trop loin, trop de craintes et d’échecs, il faut tenir, résister à cette tension, cet humanisme qui nous ferait abandonner ce moment trop intense, trop douloureux.
Elle s’exécute, sa bouche s’entrouvre, sa langue petit bout de chair rose, sort et à quelques centimètres de mon gland se met à trembler de peur, crainte et désir.
L’envie monte en moi, je rapproche mon bassin de sa bouche, elle ne se retire pas, sa langue reste toujours aussi affolée, dansant de façon impudique, excitant tel un appât l’envie de foutre.
Je jouis, ma semence gicle en jets saccadés, ceux-ci se posent, déposent, s’immiscent et pénètrent dans ses chairs.
Elle ne se retire pas, elle se donne et avale, je la fous, la remplis et par ma semence efface plus de dix années de terreurs et craintes.
Elle découvre que ce poison ne la tue pas, que ma semence ne la détruit pas…
Des larmes coulent, mais ce sont des larmes de gratitudes.
Paradoxe étonnant quand en même temps, ma jouissance a été multiple…
Celle du mâle qui se vide dans une femelle, « bouche à bite », celle de l’amant patient qui tel « Charon » aide au passage dans une contrée inconnue et puis celle inattendue et tellement puissante, troublante et inquiétante d’un Maître qui dicte sa volonté primale à une femelle asservie dans ses propres terreurs.
Un sentiment de puissance énorme, une explosion de sentiments contradictoires mais tellement troublant au final.
-« J’ai tout avalé, je ne voulais pas recracher… »
Paroles toutes aussi troublantes qui confirme la puissance des mots, de la voix, de ce que je n’avais même pas demandé ni envisagé.
Je sais qu’elle n’a pas éprouvé de plaisir dans ce qui est une épreuve pour elle mais je sais aussi que des barrières, des rideaux de fer se sont effondrés à force de patience et de tendresse.
Je sais aussi qu’il a fallu aller plus loin, au-delà de ses craintes, terreurs et hurlements paniqués pour enfin asservir ses fantômes.
Sa tête repose sur mon bas ventre, mon sexe s’en trouve ridicule, vidé de sa passion et de sa substance mais l’instant est magique.
Dans quelques heures, mais nous ne le savons pas encore, elle repartira vers ses montagnes…
Et sur mon portable, un simple message sera presque le seul témoignage de ce moment vécu comme dans un rêve :
« J’ai goûté et bu à la graine de vie du loup…tu vis désormais en moi, avec moi, où que tu sois, quoi que l’on fasse et ce, à jamais…Tu as déposé sur moi une empreinte intérieure…Tendrement;"
Grand Nord Mai 2007
Lun 18 aoû 2008
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