Stigmata Doloris 2008



23-Renaissance...


Renaissance…

Il était un temps ancien où un Loup, fort de son savoir fraîchement acquis, errait ici et là, dans des landes obscures, des territoires gelés ou des contrées rose.

Ce Loup avait franchi le pas de s’abandonner en toute confiance, ce Loup avait un « avenir annoncé »…

Il était un temps ancien où une renarde, nostalgique de souvenirs puissants mais disparus, errait ici et là, dans de sombres territoires  ou des contrées rose.

Cette renarde tendre et fragile voulait trouver une chose impalpable qu’elle avait touchée du bout de son museau dans un « passé révolu »…

Il fut un temps, où renarde et Loup se croisèrent brièvement, se frôlèrent presque, et repartirent chacun de son côté.

Lui, dans l’espérance d’un doux enfer, elle déçue par cet univers peu propice à ses désirs impétueux, couleur de feux, des désirs d’attaches, de cuir mordant sur ses chairs.

Et le temps passa, ce Loup  éperdu d’amour sentait déjà que son « appartenance » se construisait sur un sol mouvant fait de poussières d’éternités issues d’un sablier sans fond.

Le temps passa et la renarde vit que son projet et espoir de retrouver un reflet, un être à son image diminuait tel le sable qui s’écoulait de ce sablier des damnés.

Il y eut un temps d’absence et d’errance pour tout deux…

Un jour, le Loup se retrouva perdu dans un univers tout neuf, un univers de virtualité et de futilité, une « cour des miracles » où se côtoyait surtout le pire mais aussi de temps en temps, le meilleur…

Son expérience ne lui fut pas utile, lui qui ne jurait que par la réalité, il s’en trouva comme un enfant qui fait se premiers pas.

Il ne cherchait rien, comme à son habitude, simplement pouvoir parler de son ressenti de ses envies, de ses espoirs, pouvoir parler de lui mais aussi entendre les autres, les découvrir.

Et puis, c’était aussi un moyen de passer le temps, de tuer cette poussière qui s’écoulait, une poussière « d’absence », une poussière qui lui rappelait à chaque instant que ces dernières années n’avaient été que mensonges.

Le Loup ne croyait plus en rien, « Dieu » s’était mis à mort de lui-même entraînant dans sa chute ultime les résidus d’un déisme culturel voire d’agnosticisme, « l’amour » s’était confondu en une ultime trahison d’une rare violence.

Le Loup se mourrait, animal blessé, rongé par des souvenirs, hanté par des fantômes, des images reflet d’un passé, d’un « avenir déchu ».

Elle, animal tendre et cruel à la fois, elle s’épuisait dans cet univers de confusions et de conflits larvés.

Rien ne destinait ces deux créatures à se rencontrer au final… un passé douloureux, des quêtes inachevées, des désirs étouffés.

Il y eu un temps d’attente tout simplement, un temps d’approche, un temps où tout deux essayant de survivre n’osait imaginer l’autre comme un reflet, un renouveau.

Ils essayèrent en vain de se retrouver dans des constructions existentielles futiles, loin l’un de l’autre comme si déjà et encore, ils savaient que quelque chose se créait.

Lui se perdit dans la « virtualité » d’une trop forte relation, il fit le mal, il fit du mal et il se fit mal…

Elle, sur son clavier, jouait des mots et des maux mais dans une relation qui ne l’attachait plus, trop forte et trop douloureuse pour être aimable…

Chacun au final ne pouvait concevoir que l’autre avait besoin de soi…perdus qu’ils étaient dans leur solitude et leurs désillusions.

Et puis, il y eut cette envie de se rencontrer, une envie loin de toute forme de raison.
Une envie qui se concrétisa un jeudi, quelque part dans une cité royale, une cité du nord…

Le Loup se sentit « petit prince » quand il vit la renarde poindre sa jolie frimousse.
Des frôlements, un baiser à peine déposé sur une joue brûlante et une longue ballade sur des pavés plus que glissants.

Elle, sombra sous le charme des yeux couleur « mer du Nord » mais n’osa pas se coller à lui tant il semblait si froid et distant…

Lui, sentait des envies de caresses, des envies d’étreintes mais n’osa pas la prendre tant elle semblait fragile…

Elle se fit raisonnable, il se fit « gentleman » …

Le temps passa, elle se désespéra presque, il fut pris d’une angoisse en voyant les heures fondrent et s’écouler sans qu’il ne puisse dépasser cette peur qui le rongeait.

Elle avait son regard, ses douces rondeurs, ses cheveux de renarde et ce museau qui dissimulait des canines dont elle vantait l’usage…
Tout en elle révélait la créature animale, fragile et violente, le désir aussi…

La renarde troublait ce Loup mais elle ne le savait pas…
Le Loup chavirait la rouquine mais il ne le devinait pas…

Le moment du départ arrivait, elle pour les contrées du sud, lui pour remonter vers ses territoires du nord.

Un départ que tout deux redoutait ne sachant pas au final ce que l’autre ressentait tant ils étaient en train de se protéger à nouveau de la passion qui les avait déjà tué en leur passé troublé.

Un bref rayon de soleil et le Loup laissa son corps parler, il prit la belle et la serra contre lui…et des flots de tendresse, d’amour chavirèrent et emportèrent ses appréhensions.
Un éclat de lumière sur ses cheveux couleurs d’automne et la renarde se laissa à l’abandon dans des bras qui enfin la serrèrent contre ce « reflet » lupin.

Une étreinte impudique au vu et sus de tous…
Un couple d’amants qui de la sagesse basculèrent en une fraction de seconde dans la passion dévorante, hurlante.
Des mains qui se perdent, des doigts qui soulèvent un chemisier, un corsage qui se libère, des crocs qui s’égarent sur des peaux laiteuses.
Chacun mordant enfin dans la chair tant attendue…tandis qu’autour d’eux des couples de touristes s’écartent, interloqués, stupéfait voire amusés par ces « frenchies »  qui osent s’étaler au grand jour.

Le temps s’arrêta, ce sablier qui égrenait les minutes et les heures cessa de se vider, et tout deux se collèrent, fusionnèrent avec passion et déraison…

En cette fin d’après-midi, toute en tendresse et puissance, une renaissance se fit…pour deux créatures si différentes à la fois et si semblables au final.

De cette étreinte furtive, de ce baiser donné, une chose se mit à grandir… une chose que nous appelâmes le « A » mais dont nous n’avions pas encore conscience.

                                                                                                                                                         Grand Nord décembre 2007
Lun 18 aoû 2008 Aucun commentaire