Stigmata Doloris 2008

Textes 1- Prélude aux terres obscures



Un jour de grande fatigue, les pensées bien loin de la réalité, le corps allant là où bon lui semblait, je me suis évadée sans m’en apercevoir.

La nuit tombait et la brume recouvrait peu à peu le paysage de pierres et de forêt de ma région.

Des bruits de petits pas à droite et à gauche résonnaient sur le sol.

Une chouette, peut être plusieurs observaient la nuit s’avancer.

Mais toujours dans mes songes, je ne fis pas attention à toute cette mise en scène.

Loin, très loin dans mes rêves où le corps n’a pas d’emprise, j’avançais dans ma balade du soir.

Une grotte apparut pas très loin de moi.

Un trou immense dans la pierre.

En avançant un peu plus, cela prenait forme et devait l’entrée d’un souterrain, d’une galerie.

Inconsciente et très peu vêtue par rapport à cette douce saison, j’avance et entre.

Des filets protègent les parois, des grilles le plafond et des petites cascades dégringolent le long de certaines brèches.

Quelques lampes à huile illuminent les différentes salles plus ou moins grandes et hautes mais le décor reste le même avec ces cordes et cet acier.

Des ombres animent les parois, mes pas résonnent ainsi que ma respiration qui s’est accélérée.

J’avance toujours en traversant de nouvelles salles.

Il me semble entendre du bruit tout au fond.

Des rires et des gémissements se font entendre plus nettement.

Je perds la notion du temps dans cet endroit humide et sombre.

J’ai froid et je frissonne à l’idée de trouver …

Des hommes et des femmes se trouvent un peu éparpillés dans cette salle aux multiples facettes et recoins.

Des activités diverses sont en train de se dérouler sous mon regard détaché et neutre.

Des femmes seules avec un homme, des femmes seules encerclés par des mâles, des groupes entremêlés, des statues vivantes et gémissantes de plaisir ou de souffrance, des corps suspendues, des soumis promenés en laisse par des femmes maîtresses.

Une odeur de sexe très forte me monte aux narines et me fait reculer, chavirer.

Lorsque mon regard retourne sur ces scènes, tout s’est arrêté et des centaines d’yeux me fixent intensément.

Je me sens devenir l’appât, la proie et je recule encore de quelques pas.

Mais là derrière moi, un torse puissant vient faire barrage contre mon dos.

Je n’ose me retourner.

Des doigts inconnus me frôlent et dessinent mes courbes.

Je frissonne et me laisse envahir par la douceur de ces caresses inattendues.

Sa chaleur m’envoûte !

Un foulard vient me recouvrir mes yeux.

Je ne résiste pas un seule instant, à quoi bon puisque je suis encerclée de toute part.

Des mains me soulèvent et m’emmènent dans la salle où les jeux ont repris leurs histoires.

Je suis déshabillée doucement et sans brusquerie pour être enfin posée sur une pierre glacée.

Les mains reprennent leur travail avec minutie pour me masser et m’enduire d’huile.

Chaque partie de mon corps est prospecté, étudié.

Tous ces doigts sur mon corps qui travaillent au même rythme me détendent.

Soudain je sens le frottement des cordes arriver sur mes poignets, mes chevilles et mes cuisses.

Je suis soulevée et suspendue, écartelée et offerte.

Les liens tirent et tirent sur mes membres.

Chaque mouvement de ma part est à éviter pour ne pas déséquilibrer le pantin que je suis devenue.

Les doigts et maintenant des langues approfondissent leur travail sur moi.

Je me sens happée, gobée, mordillée, inspectée en profondeur par ces bouches et mains avides sur mon corps.

Régulièrement, la séance monte d’un cran comme si l’on devait me préparer à de nouveaux jeux.

Des gémissements plus forts parviennent à mes oreilles, des râlent de plaisir envahissent la salle.

Je sais que bientôt viendra mon tour …

Des rires moqueurs se font entendre, des supplications aussi de les épargner !

Les mains et bouches se retirent pour me laisser ainsi aux yeux de tous complètement sans défense.

Des objets froids et longs viennent se glisser en moi de toute part.

Je me contracte mais les cordes me rappellent à l’ordre.

Ne pas bouger, surtout pas.

Les objets glissent doucement de moi huilée extérieur comme intérieur.

Que se passera t-il s’ils tombent ?

J’essaye désespérément de les retenir sans bouger un centimètre de mon corps.

Des commentaires sourds, des gloussements m’entourent.

Mais combien sont-ils dans ses terres obscures et souterraines ?

Quelques gouttes brûlantes descendent du haut de ma poitrine jusqu’à mon nombril et me font sursauter.

Une grimace apparaît sur mon visage.

J’ai bougé !

J’essaye de régulariser ma respiration, de me concentrer, de me détacher encore et encore de mon corps.

Les cordes bougent et me voici à l’horizontal cuisses toujours écartées.

Une humidité vaporeuse arrive sur ma chatte puis tout de suite avant que je ne puisse réfléchir un bruit de lame racle cette mousse tout autour des objets qui restent au moi.

Me voilà définitivement nue, captive et offerte aux regards de ces hommes et peut être femmes.

J’ai froid, je me contracte et l’objet de mon anus tombe à terre.

Un ‘ohhhhhhhh’ de désapprobation arrive immédiatement.

Quelle bêtise ai-je donc fait ?

Des sifflements secs se rapprochent de moi.

De crainte, je me contracte de nouveau et ne voilà pas que l’objet de mon autre orifice tombe à son tour.

Des applaudissements répondent à cette nouvelle erreur !!!

Toujours aucune parole à mon égard, aucun contact avec mon ou mes jouisseurs.

Des lamelles de cuir se promènent tout à coup sur mon corps, mon entre jambes tout lisse, mes cuisses, ma poitrine, mon ventre.

Elles me narguent et font onduler mon corps de plaisir.

Mais je sais qu’elles viendront me mordre lorsque je m’abandonnerai de trop.

Résister à ce doux supplice pour ne pas être surprise par elles.

Si féminines et pourtant si traites !

Puis subitement, elles se multiplient comme par magie.

Se trouvant en bas, en haut, sur le coté.

Dans combien de mains se trouvent elles ?

Combien sont-ils autour de moi avec ces lanières qui voltigent sur mon corps ?

Voilà, le moment tant angoissant tombe ou plutôt certaines lanières cinglent pendant que les autres continuent à me caresser.

L’enfer entre morsures et caresses multiples.

Je ne peux me concentrer ne sachant d’où viennent les frôlements et les sanctions de mes erreurs.

Mon corps commence alors une danse ondulée et les liens se resserrent autour de ma peau.

Des frôlements de peau, de corps fermes et doux s’ajoutent aux différents supplices.

Je gémis, me débats et ma respiration commence à me peser.

Je cris : « Stop » !

« Si tel est ton choix » me répond une voix douce et envoûtante de mâle qui va fondre sur sa proie « qu’il en soit ainsi ».

Les supplices s’arrêtent !

Je reprends difficilement de l’air.

Je suis de nouveau posée sur cette pierre glacée où mes liens sont retirés à ma plus grande joie.

C’est un soulagement que de pouvoir me reposer mais est-ce pour longtemps ?

Des menottes arrivent à mes poignets, je suis mise debout sur mes jambes.

On me fait avancer en me poussant fermement vers une direction.

Des bruits gorgés de plaisir se font plus présents.

Soudain un crochet passe dans la chaîne de mes menottes, me soulève.

Des mains arrivent au niveau de mes cuisses pour me les écarter pendant que d’autres viennent me prendre au niveau de ma taille pour alléger le tiraillement du crochet sur la chaîne au dessus de ma tête.

Je suis ainsi déplacée de quelques mètres puis, je redescends doucement sur un dard ferme et chaud qui m’attend. Encore cette même chaleur ! Encore lui !

L’heure du repas à sonner pour les fauves. 

On me retire mon bandeau et mon regard se plonge enfin dans le sien.

Celui qui mène la danse depuis le début !

 Le crochet s’est légèrement déplacé pour que je cambre un peu mes reins et offre ainsi tous mes orifices.

Voilà donc un deuxième sexe qui m’empale à son tour.

Main sur mes hanches, c’est lui qui donnera le rythme de son plaisir et de celui du mâle dominant de la troupe que j’enfourche, mes mains s’agrippants désespérément à la chaîne pour garder un certain équilibre.  

Mon regard reste plongé dans le sien et je le vois sourire pendant que ses mains me caressent et m’imprègnent de sa chaleur.

Mais les surprises ne s’arrêtèrent pas là !

En plus d’être doublement pénétrée, une bouche sur chaque sein se posa pour me téter énergiquement pendant que ses doigts vinrent agacer mon bouton plutôt déjà gonfler.

Je ne sais si j’avais mal, si j’avais honte mais ses plaisirs multiples et simultanés qui m’étaient offerts  firent rapidement leurs effets.

Jamais je n’ai ressenti un tel orgasme, enfin des tels orgasmes car ils arrivèrent de partout en même temps et les râles de plaisir de mes compagnons de jeux intensifièrent les miens.

A ce moment là, je n’étais qu’une femelle en chaleur, fière d’être assouvie ainsi, émue d’une telle offrande pour m’accueillir dans ses lieux, ces terres obscures où tout peut se concrétiser …

Epuisée et encore remplie de spasmes, je me laisse paisiblement retombée sur le torse qui m’avait fait barrage au début.

Les autres se retirent doucement et me laisse savourer ces derniers plaisirs d’apaisements dans ses bras, son sexe toujours planté en moi.

Ses mains viennent caresser mes cheveux.

Je suis bien, comblée et je m’endors tranquillement.

C’est ainsi que mes pensées partirent encore plus profondément dans ces terres obscures …

La main caressait toujours mes cheveux et une voix se fit entendre : « Mademoiselle, mademoiselle ! »

Je sursaute, ouvre un oeil.

Un homme est penché sur moi sa main sur ma tête.

« Il ne faut pas vous endormir ici vous savez ! C’est dangereux même avec les cordes et grillages.

Un de ces crochets pourrait tomber »

A ces mots je sursaute un peu plus, mon rêve me revenant peu à peu.

Je me redresse et je me sens toute courbaturée de partout.

Comme si j’avais été écartelée, tirée, suspendue et prise à l’infini.

L’homme m’adresse la parole de nouveau avec un large sourire.

« Et pour tout vous dire il paraîtrait que durant les siècles derniers, des rites sexuels de toutes sortes y étaient pratiqués !! »

Je le connais !!

C’était lui !! Le visage du torse dans mes rêves !!!

Je me lève, joues rouges, bouche ouverte de stupéfaction.

Je trébuche à cause des différentes douleurs qui se réveillent de mon corps, ses mains me rattrapent aux hanches : je pousse un cri de surprise.

C’est bien la chaleur de ses mains, oui les siennes, enfin non celles dans mon rêve … donc celles de l’homme devant moi !

« Tout va bien » me demande t-il doucement.

« Je, euh, j’ai l’impression de vous connaître » ouvrant cette fois ci de grands yeux.

« Il ne me semble pas ; Hélas !  Je m’en souviendrais, vous avez l’air charmante » et d’une voix douce et envoûtante de mâle qui va fondre sur sa proie … « Souhaitez-vous que je vous raccompagne jusqu’à la sortie ? ».

Cette voix résonne encore en moi, je me plonge dans son regard qui est bien le même que celui de mes rêves.

« Oui » sort fébrilement de ma bouche puis, « je le désire ! » tout aussi inaudible.

D’instinct ma tête se tourna vers se qui me semblait être l’endroit d’où je venais de l’extérieur, puis le regardant me souriant d’un air amusé, je pris sa main qu’il me tendait.

Il m’entraîna dans la direction opposée, là où les terres obscures et profondes s’enfoncent vers d’autres plaisirs …

Shanane.