Stigmata Doloris 2008
Film américain de Steven Shainberg
Avec Maggie Gyllenhaal, James Spader, Jeremy Davies.
Sortie le 04-06-2003
Voici donc un film qui a fait couler beaucoup d'encre virtuelle ou réelle.
La première fois où l'on me parla de ce film « Secretary » ce fut en 2005, son arrivée dans l'univers des « fessophiles » avait provoqué pas mal de remous surtout pour les quelques minutes consacrées à la fessée dûment appliquée dans un bureau.
Un peu comme si les amateurs de fessées cherchaient « leur » film culte et que celui-ci étant enfin arrivé faisait donc la nique aux
amateurs de « sm » et leur « Histoire d'O » un tantinet obsolète et surfait.
Bref ce fut seulement ces quelques minutes d'anthologie qui firent passer ce film de « comédie de moeurs » en « film
culte ». pour la communauté des fesseurs 'ici ou d'ailleurs.
Ne l'ayant pas vu à sa sortie, je ne pouvais donc émettre un avis sur celui-ci et ne faisais que compter les points entre partisans et détracteurs, entre ceux qui se limitaient à cette seule scène de fessée, ceux qui trouvaient la relation entre Lee (la secrétaire) et E.Edward (le patron) comme une relation de type névrotique et ceux qui allaient plus loin dans leur analyse certifiant plus le film comme une étude d'une relation Dominant-soumise.
Le temps a passé et j'ai pu donc avoir une copie de ce film.
Le temps aura encore passé avant que je n'émette ma propre critique sur ce film.
Ce n'est que récemment qu'en me balladant sur le net, que j'ai trouvé un "plagiat" nettement plus hard de ce film, plagiat reprenant certaines scènes du film mise à une sauce nettement plus
pimentée.
Les quelques premières minutes de ce "plagiat-hommage" ressemblent fortement aux premières minutes du film des origines.
D'emblée, je m'arrête sur ces quelques minutes du début de film, minutes qui pour moi sont les plus troublantes.
Le travelling accompagnant Lee Holloway durant son parcours dans le bureau de son patron est tout de charme, de souplesse et de soumission.
Ce simple plan me permettra donc de définir que ce film va bien au delà d'une simple apologie, courte mais persuasive, de la fessée mais bien d'une étude de mœurs mettant en avant les rapports troubles d'une jeune femme, soumise et masochiste, avec son patron, dominant mais lui aussi masochiste.
Une observation somme toute bien proche de nos réalités respectives.
Lee Holloway (Maggie Gyllenhaal) est une jeune femme timide qui décide de rechercher un emploi à la sortie de l’hôpital psychiatrique où elle se sentait en sécurité, elle se fait embaucher comme secrétaire dans le cabinet d'un avocat terne et introverti E. Edward Grey, interprété avec soin par James Spader.
Inconditionnelle de l’auto-mutilation, elle noue progressivement, en huis clos, une relation sado-masochiste avec son patron...
Un jour, son nouvel employeur en raison d'une erreur mineure de Lee, décide de lui faire subir le châtiment de la fessée.
La jeune femme se surprend à apprécier la punition et implore qu'il continue leur relation sado-masochiste.
Leur relation n’est absolument pas statique ou répétitive, et c’est progressivement selon des modalités difficiles à anticiper un véritable petit conte de fée qui se joue.
L’univers fantasmatique du cabinet de l’avocat n’a pas, pour ces personnages, une fonction thérapeutique ou cathartique au sens
ordinaire.
Selon les mots du réalisateur, il ne s’agit pas pour les personnages de " prendre conscience de leurs problèmes pour les dépasser ", mais de dégager la poésie, l’humour et la logique
non conventionnels dans l’évolution d’une relation extrême de pouvoir entre des personnages singulièrement fous et anormaux, qui tourne à l’authentique histoire d’amour.
Le bureau sur lequel Lee prend plaisir à recevoir les coups de l’avocat est alors le théâtre de scènes à la fois violentes et drôles, où le jeu de soumission se défait des questions de normes ou d’amour-propre pour devenir un plaisir bizarrement innocent.
La pièce à fessées devient le pays des merveilles !
Surprenant et drôle, voici les qualificatifs qui décrivent ce film pourtant a priori dramatique et voyeuriste.
Une jeune femme dépressive vivant recluse dans son monde de souffrances découvrant les plaisirs du sado-masochisme, cela aurait pu prêter à une quelconque exploitation sordide.
Or, loin de toute vulgarité, l’histoire est finalement légère et amusante, expédiant rapidement chaque passage plus sérieux.
Punition, récompense, désir, humiliation, tout n’est que jeu sexuel mais le métrage sait rester très soft.
L’initiation de Lee rappelle quelque peu le livre autobiographique de Vanessa Duriès, Le Lien.
Celui-ci narrait en effet le parcours d’une jeune femme des rangs de la fac jusqu’aux caves de torture.
Mais ici le « sm » est traité comme une petite curiosité, un petit piment de la vie, et non comme une "perversion barbare".
Maggie Gyllenhaal crève l’écran avec sa jolie frimousse si inappropriée à un tel personnage.
Elle incarne à merveille cette rebelle dans l’âme, paumée qui se découvre littéralement sous toutes les coutures pour devenir avec plaisir une secrétaire soumise.
Multi-récompensée de plusieurs prix d’interprétation, elle empêche le film de tomber dans le pathos excessif et vole de scène en scène telle une chenille devenant papillon.
L’œuvre entière (à la base une nouvelle puis un court métrage) a aussi gagné quelques prix, entre autres aux festivals de Sundance et de Deauville, mais est victime d’un trop singulier point de départ.
Car comment finir un scénario décrivant une progression vers un nouveau mode de vie, de sexualité, sans retour en arrière possible?
Le dénouement va donc s’avèrer plutôt conventionnel, même si la séquence d'entrée se veut être la conclusion de l'histoire.
Ce défaut n’altère pas radicalement la réussite du film, car le spectateur en vient à éprouver, sinon la poésie de leur amour, du moins quelque chose de l’étrange plaisir des protagonistes !
Le site officiel :
http://www.metrofilms.com/lasecretaire/
Pour le visionner en streaming :
http://www.megavideo.com/?v=XVOGYW7U