Auberge espagnole… ou ma propre vision du « sm ».
Loin de moi de défaire le nœud géorgien qui définit une relation sadomasochiste, une relation de Domination-soumission, voire définir la psychologie des jeux d’entraves …
Toutes ces pratiques et bien d’autres résumées sous le terme relativement récent de « bdsm ».
En effet, il y a de cela une vingtaine d’années, chaque « discipline » était clairement casernée dans son petit univers.
Je dois admettre que cela était bien artificiel puisque il est clair que cet univers commun ne pouvait cantonner et parquer des pratiques proches et différentes à la fois.
Force et logique est donc d’avoir résumé toutes ces disciplines, types de relations, passions et même philosophie de vie dans ce terme très généraliste.
Si donc je me contente de dire que je suis « bdsm », j’ai du mal à me reconnaître dans une « populace » qui se jouant d’un effet de mode et d’un accès facile à internet, se la joue en « Dominateur » virtuel ou « soumise » aux fourneaux.
La multiplication des « Maîtres » suivi d’un numéro rappelant un département ou une quelconque année de naissance, des « Stefen », « Stephen », « Steven », des « chienne-machin truc », « soumise-machin bidule » sur des chats, voire des forums auront noyé dans l’œuf certaines tentatives de remettre un peu d’ordre dans les choses.
La possibilité pour quiconque aussi de se créer en quelques clics un site ou l’on va exhiber au mieux les photos de « bobonne » en bas résille et collier de chien, au pire de piocher des photos glanées sur le net, se les appropriant et en copillant des textes puisé dans les racines du net, multiplie aussi une confusion et la multiplication des genres.
L’avenir et une démocratisation du net n’améliorera pas de toute façon la distinction entre « hypothèse de vie » et « effet de mode passager »…
Le « bdsm » est-il donc un effet de mode car je me rappelle avoir toujours entendu, vu et parler de ce sujet dans les médias et depuis plus de trente ans…quasi à l’époque ou le film « Histoire d’O », piètre navet mais devenu à force un film-culte… à levé le voile au commun des mortels d’un « paradis artificiel ».
Pour quiconque fréquentant les sex-shops d’Outre-quiévrain, de la Batave voisine, voire de Germanie, cela faisait longtemps que cet univers n’avait pas de secret et se déclinait dans de multiples textes, récits et images d’une force toujours aussi inégalée.
Les hommes et les femmes qui posaient dans les années septante et avant, dans les films et autres revues éditées sous le manteau, étaient de véritables amateurs, loin des beautés formatées des années 2000.
Je me rappelle que fréquentant les sex-shops de Maastricht à l’époque où ceux-ci étaient de petites boutiques en bord de Meuse et les Pays-Bas un pays aux mœurs plus que très libre, j’avais réussi à mettre un nom sur cette passion qui me déchirait l’esprit et les sens.
Je me rappelle aussi que ces boutiques évoluant dans un univers de totale liberté proposaient bien plus que ce que nous pouvons trouver actuellement dans des boutiques dites spécialisées dans le sadomasochisme…
Une plongée troublante dans un enfer que j’aurais appris à éviter.
Pour moi et comme pour d’autres, le « sm » n’est donc pas une mode, c’est quelque chose que nous avons en nous depuis les « origines », pourquoi, comment, la réponse est souvent floue…
Une image glanée à la sauvette d’Angélique marquise des Anges, l’affiche du film Histoire d’O accompagnée de quelques photos du film dûment « maquillées » pour ne pas choquer la populace locale, une revue en noir et blanc ou l’on voit des « Dominatrices » d’un autre âge évolué dans un décor post-apocalyptique de formica et golden sixties, la sensation bizarre en jouant avec les « menottes » d’un parent policier, la sensation de l’étreinte d’une corde lors d’un jeu enfantin qui dérape…
Les tenues folles de Thierry Mugler ou Jean-Paul Gaultier, les clips de Mylène Farmer, des films comme 9semaine1/2, l’univers Rock et Punk des années 80, la relecture des « 11000 verges » de Guillaume Apollinaire, les premières bandes dessinées érotiques diffusées en format de poche dans le rayon « enfer » de libraires compatissants pour les jeunes adolescents que nous étions…
Le « sm » n’est donc pas un phénomène de mode récent mais il a donc été toujours omniprésent pour qui savait regarder autour de soi.
Je dois cependant noter que les grands communicateurs que sont les médias et la publicité ont multipliés les « signaux » et « messages » faisant appel et rappelant cet univers qui est le nôtre…
Histoire de toucher la « corde sensible » de l’homosapiens qui est simplement le « sexe », un sexe animal voire reptilien, des pulsions ancrées dans notre subconscient.
Passé donc cette dissertation sur phénomène de mode ou pas, l’arrivée de signaux divers, visuels pour la plupart, a donc « démocratisé » l’idée que le « sm » était tout et n’importe quoi…
Ce qui au final, dans la réalité se résume en une vaste « Auberge espagnole » ou chacun amène ses propres conceptions d’une relation de type « bdsm ».
Certains ayant une « aura » un peu plus grande que d’autres, se créeront des écoles de pensées, Goréen, Latin et autres Amis de Germanicus, autant d’attrapes nigauds destinés à capter les éventuels candidats à une aventure « spirituelle » inspirée qui d’un mièvre série de livres d’heroic-fantasy ( et dire que j’avais le cycle de Gor dans ma bibliothèque et que je n’avais jamais découvert que c’était le livre secret, la bible des Goréens…), d’autre d’une pseudo élite (incapable pour certains d’écrire deux lignes sans commettre de fautes…) remontant à la nuit des temps mais réactualisé par un « mitraillon » ayant senti le vent tourner et une possibilité de s’en mettre plein les poches pour pas un rond…
Rond comme au final leur façon de penser…
Difficile de concevoir qu’un « Maître » digne de ce nom se mette à suivre au pas de l’oie (ou du dindon de la farce) des élucubrations vaines de sens.
Nous ne sommes pas loin de la dérive sectaire…
L’avantage du net est que certains de ces courants et autres auront migré de plus en plus dans des univers virtuels comme second-life ou red-light center, où bien à l’abri de la réalité, ils pourront et continuent à délirer laissant la place, l’écran éteint à une ménagère de moins de cinquante ans ou un employé de bureau vivant dans un studio (yucca et poisson rouge en option).
Le désavantage du net est que certains aussi se perdent durant des mois, des années dans ces zones obscures et revenus sur terre, ne peuvent que constater qu’ils ont perdus un temps précieux loin de cette réalité physique et intense que peut-être une relation basée sur le « bdsm ».
Quittant la rhétorique et la démonstration qu’au final, nous avons tous notre propre approche du « sm » et que vouloir s’engouffrer dans des dérives sectaires pour se rassurer ne libérera personne, j’aborde donc ma conception personnelle du « sm », ma façon de voir et de ressentir les choses.
Celle-ci ne sera pas la vision de la majorité des gens mais je sais aussi qu’elle peut faire écho ici et là avec d’autres conceptions.
Je n’éprouve pas de « plaisir » dans une relation de Domination-soumission…
En fait ce type de relation limitée dans une relation « Maître-soumise » n’est pas une fin en soi…
Etant « dominateur » dans l’âme, de par mon caractère de franc-tireur, de par mon boulot, je n’éprouve aucun plaisir à « dominer » tel quel…
Pour moi, c’est un acte « obligé », une « transition » pour aller plus loin…
Je n’aurai éprouvé ce plaisir qu’une seule fois dans ma vie, lors d’une relation intense avec une personne de caractère, un petit animal prêt à mordre mais prêt aussi à tout donner après s’être abandonné à l’issu d’une lutte d’influence et de pouvoir, gratifiant mais épuisant.
Pour certains, cette lutte et cette victoire se suffit bien souvent à elle-même…
Pour moi, elle n’a de sens qu’a renforcer la confiance de l’un vis-à-vis de l’autre, de connaître mieux la façon de fonctionner de l’autre, de connaître ses limites aussi.
Cette relation de Domination-soumission se devra d’être donc une découverte de l’autre pour après évoluer vers cet univers ou je m’y retrouve beaucoup plus, celui des pratiques « sadomasochistes ».
Je n’éprouve pas de « plaisir » dans le fait de faire le mal…
Je ne suis pas sadique en somme, et malheureusement, il n’existe pas de termes connus pour définir les « joueurs » qui aiment infliger une douleur à un partenaire qui ressentant cette douleur éprouvera du plaisir.
Mon plaisir est de savoir que ma partenaire, de par mes gestes, de par la douleur savamment infligées, de par aussi les mises en situations, ressente un plaisir tel qu’elle s’abandonne…
Le « sadique », une espèce que je qualifie aussi de « frapadingue » se fiche éperdument de sa partenaire et sera bien souvent quelqu’un qui dépassera les limites ne pensant qu’a son plaisir propre…
La plupart des « accidents » ou « incidents » proviennent justement de ce genre de personnages qui ne maîtrisent rien en somme.
Je joue avec les sensations, avec la fabuleuse alchimie des neurones et la confusion des sens.
La science a pu mettre des mots sur des sensations douloureuses se révélant devenir des extases, sur le fait que la répétition de morsures puisse produise des endorphines et apporter son lot de sensations ultimes, sur le fait que ce qui de prime abord est insupportable se sublime en pur plaisir.
Je n’éprouve pas de « plaisir » à côtoyer une masochiste…
Le masochiste se fiche de qui lui inflige cette souffrance, le masochiste ne passera pas par la relation de Domination-soumission, ne cherchera pas à ouvrir son âme…
Le masochiste prendra son plaisir dans une souffrance physique bien définie, parfois la souffrance morale qu’elle entretiendra avec son « Maître » sera le seul lien qui existera entre eux.
Je me plais à trouver une « algophile », terme qui a le mérite d’exister, celui ou celle qui prend plaisir dans le don réciproque du plaisir dérivant de la douleur, des mises en situations.
Une créature trop rare, que l’on doit connaître, introspecter et découvrir dans une relation de confiance commune, ultime même.
Cette relation qui est mon talon d’Achille car plus forte que l’amour, elle a pour nom Appartenance.
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