Chronique d'un sadique ordinaire...
Qui suis-je ?
Avec le temps, des certitudes n'en sont plus, des réponses ne sont que les prémices d'autres questions, bref, il est certain que l'image que je me faisais de moi évolue.
Est-ce que cette évolution est « sujet de mode », un peu comme le « SM » était détaché de la « Ds » et du « Bondage » en son temps, vivant chacun leurs univers et associés dans les vingt dernières années dans un terme aussi ronflant que trompeur que le « BDSM ».
Un peu comme si on avait voulu faire avec des ingrédients qui se suffisaient à eux-même une recette qui s'avère parfois et souvent indigeste.
Je ne me reconnais pas dans ceux qui pratique la « Ds », parce que au final, cette « Domination » ne m'apporte aucun plaisir, aucun émoi cérébral, elle ne peut de toute façon se suffire à elle-même surtout si elle se contente d'un virtuel.
Elle me pose la question de ceux qui se disent « Dominant »... quel est le plaisir à dominer si on est « dominateur de façon naturelle »...
Où est le plaisir du lâcher prise ?
Paradoxe personnel, à force de contrôler et maîtriser mon entourage, mon environnement, je ne parviens plus à trouver un plaisir simplement dans le contrôle de l'autre.
Le fétichisme m'émeut, j'aime certaine matière, mais d'une certaine façon, j'aime cette matière sur les autres, les autres étant mes partenaires...
Le latex, le cuir, le lycra et tout cela, en fait ne me dit rien sur quelqu'un de passage, c'est beau, érotique mais sans plus.
Lors d'une soirée,lors d'un festival, cela me fait autant d'effet que les défilés de mode retransmis aux informations...
Je dois dire que même moi me contenterai d'une de mes tenues passe-partout... mon corps dans sa nudité et ses imperfections me satisfait pleinement.
C'est donc un fétichisme égoïsme, l'autre devient faire-valoir de mes envies, de mes désirs, un objet de latex ou de cuir, une icône personnalisée portant mes initiales.
Le bondage et les entraves qui gagnent leurs lettres de noblesses surtout dans son avatar le « kinbaku », j'y suis imperméable tout simplement, j'apprécie le côté technique de la chose et le considère même comme un « art » mais je le trouve de plus en plus dévoyé et banalisé.
Il y a actuellement autant de « Maître Shibariste » qu'il y avait de « Maître aux fouets » en son temps.
Recyclage de ceux-ci, ou simplement nouvel effet de mode ?
Et le sadisme dans tout cela... parent pauvre et décrié bien souvent.
Je découvre au final qu'il n'y a que les « soumis(es) » qui se disent « masochistes », peu de « Dominants » ajoutent le qualificatif « sadiques » à leur descriptif... honte et peur de ne pas trouver « victimes », « cobayes » ou « volontaires », une nouvelle loi d'un « politiquement correct ».
La loi du silence...
J'aimais faire le mal, mais un mal consensuel, celui qui était autorisé de façon tacite par l'autre, l'autre « algophile » qui me permettait au final de l'utiliser comme elle le concevait.
D'une certaine façon cela était rassurant pour moi, je faisais partie enfin de la norme, cela m'apportait même un certain plaisir cérébral et des réponses à mon questionnement interne.
Celui de savoir le pourquoi de quelqu'un censé être bienveillant qui se plaisait à oser le mal physique sur une personne de préférence de sexe opposé.
Le tout matiné d'une sexualité que je voulais débridée puisqu'en somme l'autre était mon « objet »...mais toujours un objet consentant au final.
J'ai eu donc des réponses... et de ces réponses d'autres questions et d'autres expériences.
Je me découvre de plus en plus égoïste, un égoïsme respectueux mais égoïste quand même...
Du statut de « Dominant-sadique » qui se révèle plutôt comme « gestionnaire d'un(e) algophile », étant en somme l'équivalent d'un sex-toy humain, je me découvre un délicieux égoïsme le tout mâtiné de sadisme.
Sadisme... plus rien à voir avec « l'algophilie », non, un vrai sadisme, pas forcément physique, je n'apprécie pas d'abîmer au sang un corps qui s'offre et probablement plus pour des considérations esthétiques que pour des histoires de morale et de bienveillance, non un sadisme bien souvent cérébral qui joue sur la peur, la terreur de l'autre, voire le dégout maladif.
Aussi cette impression du chat et la souris, ne pas abîmer pour mieux recommencer encore et encore...
Je ne suis plus le sex-toy qui s'adapte aux désirs de son partenaire, il devient un objet de mes fantasmes et de mes envies.
Sa tenue, c'est mon fétichisme, ma propre érotomanie, les entraves ce sont mes entraves, souvent efficaces et de plus en plus aux limites de ce qu'il aurait pu concevoir.
Si avant, un laid-motif de mon sadisme était de pouvoir au final affranchir l'autre de ses peurs et angoisses dans un motif thérapeutique rassurant, je découvre qu'après quelques victoires, il m'est plus plaisant de ne pas aller plus loin, de le maintenir dans cette état de confusion et de jouir encore et encore de ses craintes et terreur.
Prolonger indéfiniment ce moment de rare plaisir de lire et la résignation et la docilité dans une seule grimace.
Sadisme... que dire quand celle-ci se donne volontairement, dans ce qui reste limite de mon raisonnement.
Le plaisir intense d'avoir une partenaire docile, celle de l'agneau qui est conduit au sacrifice, de la vierge offerte au couteau de jade.
Je me découvre donc égoïstement sadique et jouisseur.
Et ça me plait...
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