Mardi 18 novembre 2 18 /11 /Nov 09:14


Voici la première partie de l'entretien réalisé par Robert Stoller au début des années 80, pour des raisons de commodité et de manque de place surtout, je l'ai scindé en plusieurs parties.


Compte rendu de l’entretien réalisé par Robert Jesse Stoller :


 
Dan: - Le truc auto, ce truc que je me faisais à moi-même avant de rencontrer Pam.

C’était dur.

Quelquefois la douleur n’était pas le but.

Elle devenait agréable pour atteindre le but.

Quelquefois, c’était juste l’endurance qui devenait douloureuse, rester attaché pendant longtemps, par exemple, et trouver des astuces pour pouvoir me faire ça. (J’y arrivais mieux après que je t’ai rencontrée [Pam].)

Je vivais seul. Il fallait que je vive selon des règles que j’avais établies: être entièrement nu dans la maison pendant toute la semaine, ne pas dormir dans mon lit, trouver des moyens bizarres pour m’attacher toute la journée.

Me percer.

Vaincre l’envie de ne pas se percer et être capable de se percer, quelle sensation!

Prendre l’aiguille et se l’enfoncer dans le bout du pénis.

Ça m’électrisait de pouvoir faire ça, de la retirer, de recommencer: «Ouais, formidable, tu peux faire ça.»

Je lisais des journaux pour voir les choses que les gens se faisaient - bizarres -, qu’on pouvait s’enfoncer un clou dans la peau avec un marteau sans que ça fasse vraiment mal.

Un vrai choc.

J’inventais de drôles de trucs: j’avais une planche à pain; je posais mes testicules dessus, je prenais un clou et un marteau et j’enfonçais à coups de marteau pour montrer que je pouvais effectivement faire ça. Je l’enfonçais dans le scrotum, pas les testicules.

Ça [les testicules], ça a été après, plus tard.

 

Stoller: - Que recherchiez-vous, l’excitation de pouvoir faire ça, ou l’excitation d’une sensation physique?

 

Dan: -  L’excitation de pouvoir le faire.

La sensation physique était vraiment fugitive et pas aussi pénible que ce que je craignais.

Et voir ça, ça aussi c’était plutôt excitant: le voir étiré sur une planche à pain, comme ça, c’était assez excitant.

En plus, la douleur n’est pas aussi forte quand on se la fait à soi-même.

On s’aperçoit de ça.

On sait exactement quand elle va arriver et quand elle va s’arrêter.

J’ai une histoire marrante où il se passe quelque chose comme ça, avec une fille.

J’ai lu qu’une «maîtresse» avait cloué la queue d’un type à une planche, en plein dans le bout. Je me suis dit: «Mince, je ne pensais pas que c’était possible. Est-ce que je serais capable de faire ça? »

Ça m’a complètement électrisé. «Faut que j’essaye. »

Je ne pouvais pas dormir. «Il faut que j’essaye ça.»

Mon procédé de stérilisation était vraiment rudimentaire.

Je prenais les clous et je les faisais bouillir dans l’eau, ce qui est totalement inefficace. (Mais j’ai eu du pot, ouh!)

J’ai trouvé un morceau de bois.

Et j’ai pose ma queue sur la planche.

J’ai pris le marteau, j’ai enfoncé le clou avec.

Juste au dernier moment, j’ai ralenti mon coup avant que le marteau frappe le clou comme il faut.

Alors le clou l’a transpercé [le gland], mais il n’était pas bien enfoncé dans la planche.

Alors, allons-y, un grand coup de plus.

Et j’ai tapé à côté du clou, à toute force sur ma queue, exactement comme quand on se donne un coup de marteau sur le pouce.

En quelques secondes, ça s’est mis à gonfler: rouge, noire, elle a doublé de taille.

Je me suis dit: «Merde. Le clou est dans la planche maintenant.»

Alors j’ai pris la pince et j’ai retiré le clou de la planche, j’avais le clou dans ma bite; il fallait que j’enlève ça; et évidemment, ça saigne pendant des heures, une énorme quantité de sang. Je me dis «Bon dieu» - en plus, je bandais.

Ça coulait à flots.

Et j’avais rendez-vous ce soir-là (c’était l’époque où je sortais avec des filles -, on se dit que peut-être on va baiser).

Ce soir-là, la fille voulait baiser, mais ça n’a jamais abouti.

Je lui ai tout raconté tout de suite.

Elle était particulière; je sentais que j’allais lui dire ces choses de toute façon.

Alors, j’ai dit: « Ecoute, tu as entendu ce qu’on dit sur mon compte. C’est entièrement vrai. J’ai fait l’idiot ce soir et voilà ce qui s’est passé.»

Alors, elle m’a vu encore quelques autres fois, mais...

 

Norma: - C’est à propos de cette remarque: se le faire à soi-même.

Une grande part de l’excitation vient de là.

J’aime prendre des aiguilles hypodermiques stériles et me les planter autour des seins et des mamelons.

J’aime bien me le faire quand les gens sont là, pour qu’ils puissent voir.

Ils sont toujours époustouflés.

A vrai dire, ça ne fait pas aussi mal que ça en a l’air.

J’ai davantage peur quand je laisse quelqu’un d’autre me le faire, mais ça fait aussi partie du plaisir de laisser quelqu’un d’autre vous le faire.

C’est intéressant de voir comment j’ai évolué là-dessus.

Dans une publicité de P.F.I. [Piercing Fans Internarional Quarterley], j’ai vu une femme qui avait les seins percés par jeu [c’est-à-dire dont les seins sont percés juste pendant un moment pour s’amuser et non pour y insérer un bijou en guise d’ornement permanent], avec toutes ces aiguilles enfoncées.

Ça m’a fait un choc, j’étais horrifiée.

Je me suis dit: «Mon Dieu, comment est-ce que quelqu’un peut faire une chose pareille, je ne peux pas le croire.»

Et je suis allée droit au cabinet médical où je travaillais, j’ai pris des aiguilles pour essayer et je me suis percée avant de laisser quelqu’un d’autre me le faire.

J’ai découvert que c’était loin de faire aussi mal que ça en avait l’air.

La douleur était réellement agréable.

 

Ron: - La conscience qu’on a de ça évolue de la même manière quand on est dominateur.

On regarde les choses se faire et on se dit: «Je ne pourrais jamais faire ça à quelqu’un. »

Et une semaine plus tard, on se retrouve en train de le faire à quelqu’un.

C’est un saut qu’il faut faire pour concevoir que ce genre d’acte est possible, agréable et pas vraiment dangereux si on veut pouvoir se justifier moralement de se conduire ainsi envers quelqu’un.

 

Pam: - Pour les femmes, pour moi, l’idée de faire mal à quelqu’un, de le faire souffrir, c’était une idée vraiment nouvelle.

Le fait que Dan prenait tellement de plaisir à ce qu’on le fasse souffrir jouait un grand rôle dans mon excitation quand j’ai commencé au début, parce que je ne savais rien du S.M.

Bien que j’aie une personnalité de dominatrice, je ne me considère pas comme une sadique. Mais le plaisir érotique qu’il en tirait était tellement intense que ça me retournait complètement.

Après, plus on entre là-dedans...

Couper, faire saigner, par exemple, ce genre de trucs, je n’avais jamais imaginé que ça pourrait m’exciter.

Mais je me suis aperçue que ça me chavirait complètement de le faire saigner.

 

Toni: - Quand je suis soumise, je suis capable d’encaisser une douleur énorme.

Si je suis excitée, je peux en supporter beaucoup.

Quand je domine... j’ai eu la lèvre percée quand... celle de gauche [ce qui signifie, dans le langage du piercing, qu’on est dominateur].

J’étais donc dominatrice quand on me l’a fait j’ai crie.

J’étais malheureuse comme tout.

Je n’arrêtais pas de crier et de hurler: même si c’est une toute petite douleur, je n’aime pas quand je suis dominatrice.

J’ai l’impression tout simplement que ça ne devrait pas arriver; tout me fait terriblement mal. Si on m’empoigne et qu’on me gifle, c’est horrible pour moi.

Je deviens folle, je suis dans tous mes états.

Si on me fait la même chose quand je suis soumise, que je me sens toute docile, c’est bien.

C’est très lié à la disposition mentale dans laquelle on est.

Si quelqu’un m’empoigne brutalement et que je ne suis pas de l’humeur qu’il faut pour ça, je deviens folle.

Ça n’a rien d’érotique: «Tire-toi de là.»

Question de disposition, surtout si ça va trop vite.

Si je ressens la douleur à intervalles trop rapprochés, alors là, ça me met vraiment en rogne et je résiste.

 

Norma: - Pour moi qui n’intervertis pas du tout les rôles [dominateur-soumis], la douleur reste contrôlée.

Je ne me suis jamais rien fait à moi-même.

Parce que la douleur n’est pas mon but.

 

Toni: - C’est de soumission qu’il s’agit.

 

Dan: - C’est venu plus tard pour moi.

 

Norma: - Je ne crois pas que j’aimerais réellement jouer avec moi-même [c’est-à-dire s’infliger une souffrance à elle-même; il ne s’agit pas de jeu génital]; je ne crois pas que je pourrais le faire de mon propre gré.

 

Ron: - Quand je ne suis pas dans mon rôle habituel, j’ai du mal à imaginer de faire souffrir quelqu’un; ça me paraît absolument une autre catégorie de comportement, qui ne m’attire pas du tout.

J’ai besoin que ça se passe dans le contexte d’une relation.

De toute façon, faire une vraie expérience d’autodomination n’est pas possible.

 

Toni: - Quelquefois, je me bats moi-même en me plaçant dans une perspective de dominatrice.

 

Dan: - Mais on ne peut pas vouloir l’autodomination sans vouloir en même temps l’autosoumission.

Un jour, Pam devait s’absenter, elle m’a donné la permission de faire un truc nostalgique: un truc qui devait durer toute la nuit.

Toute la journée, j’ai jubilé en m’achetant des instruments diaboliques.

Des petites pinces à linge en plastique: je déteste ces machins-là.

Si Pam me les met, je crie; il faut qu’on me les enlève au bout d’une minute à peu près.

Alors j’ai cherché un moyen diabolique pour me forcer à supporter ça, pour que je ne puisse pas les retirer et que je les supporte pendant une heure.

Ou deux heures. [Avant], je ne pouvais même pas les supporter trente secondes, ça me rendait fou et je n’avais pas assez de discipline pour tenir.

Mais cette fois-là, je voulais me faire en même temps le plus de choses dures que je pouvais supporter.

J’avais prévu de drôles de trucs, par exemple, des blocs de glace avec des cordes à l’intérieur. J’avais ces idées diaboliques, et dès que j’ai eu tout mis sur pied, je me suis dit: «Non, je n’ai plus envie de faire ça» et j’ai tout défait.

J’étais vraiment déçu d’avoir loupé.

Alors j’ai eu une dernière idée; je m’en souviendrai toujours.

J’ai installé des crochets sous le porche d’entrée, j’ai enchaîné mes chevilles avec une chaîne et des serrures à un bracelet et j’ai tout verrouillé.

J’avais des menottes et je les ai attachées à un crochet au-dessus de ma tête.

Il n’y avait qu’une seule clé pour tout.

Ensuite, j’ai attaché la clé à la corde, qui était prise dans un bloc de glace de l’autre côté du porche.

Je me disais que quand la glace fondrait, la clé me tomberait dans la main, je pourrais déverrouiller le cadenas et puis déverrouiller tout le reste.

Comme c’était la nuit et qu’il faisait froid, je n’avais aucune idée du temps que la glace mettrait à fondre.

Je ne savais pas, mais je l’ai fait.

Je suis sorti et j’ai acheté le maximum que j’ai pu de ces petites pinces à linge en plastique, d’autres sortes de pinces encore et des attaches. (J’ai aussi fait un tas de choses privées dont je ne parlerai pas.)

Alors me voilà étendu par terre, glacé, frissonnant.

En fondant, les blocs de glace gouttent sur moi.

Je ne peux pas supporter ça.

Et au bout d’une heure, je me dis: «Faut que je sorte de là, c’est trop atroce. »

Et il n’y avait aucun moyen d’en sortir.

La manière dont j’avais arrangé tout ce montage: au-dessus de ma tête, j’avais un tuyau suspendu à un châssis portant un autre bloc de glace attaché à une corde.

J’ai secoué le tuyau pour le faire tomber parce que je voulais absolument sortir de là.

Je pensais: «Faut que je sorte de là.»

Alors un nouveau jeu a commencé.

Le dominateur en moi me dit: «D’accord, si tu peux sortir de là, vas y, fais-le», comme ça je n’avais pas à me sentir coupable de sortir de là.

J’ai pensé que je m’étais surpassé, là.

Tout était cadenassé et je ne pouvais me délivrer qu’avec cette clé, ou alors il faudrait que quelqu’un passe.

Et me voilà assis à inventer [imaginer] des situations critiques, que la maison va prendre feu, par exemple.

Alors, j’ai secoué le tuyau; en me tombant dessus, il m’a entaillé le ventre.

Le tuyau est donc là, tout au bout de mes pieds.

Mon idée, c’était de le faire remonter jusqu’à mes mains qui avaient un peu de mobilité. Après, je pourrais, en secouant la corde avec la clé, la faire tomber du bloc de glace dans mes mains.

J’ai dû me démener pendant deux heures rien que pour remonter le tuyau jusqu’à mes fesses. Une fois que je l’ai eu en main, j’ai cassé la glace, j’ai pris la clé et je me suis levé.

Ça a été mon dernier événement à la Houdini.

 

Norma : - C’est intéressant que tu dises [Pam] que tu ne te considères pas comme sadique. J’imagine que tout le monde va se moquer de moi, mais je ne me considère pas comme masochiste.

Mon raisonnement, c’est celui-ci : l’excitation et la sensation, voilà mon affaire.

C’est mon truc.

Mais quand je n’aime pas quelque chose, alors ça me fait vraiment mal.

Beaucoup de choses me procurent du plaisir.

Je ne peux donc pas les classer comme «douleur».

C’est du plaisir.

 

 

 

Par Grand Nord - Publié dans : Aux origines du "mal"...
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