L'esprit des temps jadis...

La nuit de la Samain, la nuit des esprits, la nuit des revenants, la nuit du « tout est possible ».

Drôle de sensation que de ressentir près de moi une présence, là ou les draps rubis qui ornent ma couche n'étaient qu'un désert récemment acquis.

Je me souviens de cette sensation, de « déjà-vu », de la présence de « l'autre » après son départ loin en ses contrées, de ces odeurs, de ses caresses.

Mais ici, ce n'est pas une sensation diffuse, un souvenir confus mais un geste qui se perd, une caresse retrouvée, une peau brûlante qui se colle à moi.

Ma main esseulée qui cherche confusément le vide et qui se presse sur une sphère aux chairs durcies, fruit d'automne, petit potiron pervers qui tressaute sous la paume du Maître.

Là ou il ne devait y avoir que vide, il y a l'esprit, un esprit de chair, l'esprit des temps jadis.

Je me souviens de ces sensations, de ces cris et de ces gémissements, quelque part entre rêves et confusions d'une époque que je croyais révolue.

Mais ici, ce ne sont pas des rumeurs, ce sont des odeurs qui se glissent perfidement sous mes naseaux me titillant mes envies perverses.

Odeur du cuir d'un masque qui recouvre ce visage inconnu, masque qui désincarne cet esprit des temps jadis, chimère d'un autre univers.

Un corps d'albâtre rougeoyant se tordant sous les caresses, se consumant à la lueur des flammes de cette nuit magique, au creux d'un enfer fait sur Terre.

Fruits d'automne durcis par la contrainte, masque de cuir moulant à la perfection des traits inconnus, pinces suspendues le temps d'un douloureux instant, challenge des temps présents et prémice d'un autre à venir.

Chairs oubliées qui se creusent, s'écartent et s'ouvrent sous mes coups de rein, sans tabous, sans craintes, je me fonds et confonds en elle, être unique, centipède bicéphale, chimère d'une époque révolue.

Je suis Lycan à nouveau, animal doué de déraison qui sacrifie sur l'autel de la passion les fruits d'une tendresse et d'un amour passé.

Je suis Lycan à nouveau, animal animé de passions qui mordant à pleins crocs ces fruits d'automne ne peut que se construire sur les débris du passé.

Et tout autour de moi, dans les ombres qui se projettent au plafond, se croisent ces esprits des temps jadis, femmes, femelles , soumises, partenaires et complices, louve et louvette, diablotin et ange, elfe, fée, kitsune dans un sabbat millénaire.

Et je mords, croque, étire et déchire les chairs et les coeurs...